— 103 — I^a situation dans la région de Monastir 1 (Lettre.) Le 3 courant, les autorités serbes de Monastir ont procédé à l’arrestation de quatre-vingts personnes, originaires de la ville même, toutes accusées d’avoir voulu déserter ! Ces nouvelles victimes ont été soumises aux pires tortures, après avoir été horriblement battues. Onze personnes ont succombé à la suite des mauvais traitements qui leur avaient été infligés ; tandis que treize autres ont été impitoyablement achevées à coups de revolver. Les autorités militaires ont dernièrement entrepris l’enrôlement dans les rangs de l’armée des personnes âgées de 40 à 50 ans. Les enrôlés sont emmenés de vive force et il ne leur est même pas permis de faire les adieux à leurs parents. Ainsi le 15 novembre, un groupe de citoyens de la ville ont été, sur l’ordre d’un officier serbe, soumis aux pires traitements pour avoir voulu voir leurs fils avant que ceux-ci aient été expédiés pour la Vieille-Serbie. J’apprends même qu’à cette occasion les femmes auraient porté plainte auprès des consuls étrangers. Cependant, malgré la surveillance vigilante dont on entoure les conscrits, les désertions n’en sont pas moins nombreuses. Quatre-vingt-huit soldats originaires de la ville de Ftesna ont dernièrement pris la fuite sans qu’on ait pu les retrouver. Les autorités militaires serbes, en dépit des efforts déployés, ne sont pas parvenues à recruter la population rurale. La plupart des paysans ont, en effet, préféré gagner la montagne plutôt que de se résigner à servir dans les rangs de l’armée serbe. Le nombre des déserteurs de la ville de Monastir augmente également de jour en jour. Cent cinquante-six soldats ont dernièrement pris la fuite des casernes de la ville de Prilep. Le 20 novembre, le nommé Pasko, ancien voïvode bulgare, a été tué en plein jour dans le village de Guiavato, aux environs de Monastir. 1 L’Eôho de Bulgarie, n° 442, du 21 janvier 1915, v. s.