— 112 — Voici ce qu’écrit dans l’impartial Vandois, n° 47, Spiro Kitintcheff, un vaillant Macédonien : « A Uskub, par exemple, ils commencèrent par forcer les commerçants d’enlever leurs enseignes qui toutes étaient en bulgare. Malheur à celui qui s’y refusait, car pendant la nuit quelques bandits venaient le prendre et l’emmenaient au siège de la « Main-Noire ». Elle était noire, en effet, cette maison, car celui qui y entrait ne voyait plus le jour. Moi-même j’ai risqué de laisser ma tête en ce lieu. Pourquoi ? Parce qu’un de leurs agents secrets qui inondaient la ville m’avait entendu siffler une chanson bulgare ! ! !... ...Pour pouvoir encore mieux exterminer la population bulgare, la « Main-Noire » avait à ses services des Turcs, anciens bandits qui étaient largement payés et qui ont commis des atrocités inouïes sur la paisible population. Ainsi à Uskub, un nommé Chouko, un nommé Métouche ; à Tikve-che, un nommé Iaia Aga qui, avec leurs compagnons avaient, pendant la deuxième guerre balkanique, presque exterminé la population mâle de la région de Tikveche et Krivolak. Gomme récompense de cet héroïsme, l'état-major général serbe leur a donné le grade de capitaine. Les assassinats ne suffisaient cependant pas pour anéantir les Bulgares de Macédoine. Il fallait les ruiner aussi économiquement. Pour cela les autorités faisaient des réquisitions sans fin, elles imposaient des énormes contributions de guerre et se faisaient payer des impôts fantastiques. Ainsi celui qui payait sous le régime turc un impôt de fr. 200, comme c’était le cas de mon père, devait payer aux Serbes fr. 5000. Et à la fin qu’ont-ils imaginé ? Voilà : pour pouvoir appauvrir complètement les paysans, ils ont eu l’audace de prendre jusqu’à leur bétail, lequel était expédié en Serbie sous prétexte que ce bétail n’était pas aux paysans, mais qu’ils l’avaient volé aux Turcs. »