— 137 — » Dans le discours que M. Jovan Skerlitch, professeur à » l’Université de Belgrade, prononça en 1913 dans la Skoup-» chtina nationale, il est dit : » Notre école primaire est délaissée... Même dans nos » anciennes frontières notre enseignement subit une terrible » crise. Nous n’avons pas même la moitié des écoles que » nous aurions dû avoir, et le quart des écoles qui existent » restent vides sans élèves et sans maîtres. ».................. » De tous les départements le plus de femmes lettrées » donne, non pas celui de Belgrade, comme on pourrait » s’y attendre, mais le département de Kraïnski dans lequel » vivent des Serbes qui parlent le roumain ! Ce département » vient en tête avec un pourcentage de 14 % tandis que celui » de la capitale (la ville de Belgrade non comprise) n’a à pré-» senter que 5 % ! » Et voilà, de deux ! Il nous reste encore le témoignage du Manchester Guardian, reproduit par le Corriere della Sera du 8 novembre 1913. Il y est dit textuellement : « La Serbia non è un paese di popolazione colta ; ha l'80 per cento dei suoi abitanti analfabeti. » Comme on voit, nous sommes très très loin des trois journaux par jour de M. Reiss, qui ne peut pas même alléguer pour son excuse l’ignorance de la situation de la Serbie. Inféodé corps et âme depuis quelques années à la cause serbe, ayant eu l’occasion et le loisir d’approfondir toutes les questions qui s’y rattachent, pendant ses longs séjours en Serbie, M. Reiss devait bien connaître la situation réelle. C’est donc sciemment qu’il a débité ces contre-vérités fabuleuses. C’est donc en pleine connaissance de cause qu’il a abusé, qu’il a fourvoyé ceux qui honorèrent de leur présence sa conférence du 14 février 1916 *. Ce n’est pas d’ailleurs le premier ni le seul tour que 1 La Feuille d’Âvis de Lausanne du 13 février 1916 qualifie la conférence de M. Reiss de captivante — elle devait I être comme le sont tous les produits de l’imagination — et finit le compte-rendu par le traditionnel « on a chaleureusement applaudi le conférencier documenté. »