PRÉFACE Pendant de longues années, des peuples s’entregorgèrent au seuil de l’Europe, tout près du berceau de cette civilisation européenne dont s’enorgueillit l’humanité. S’il y avait moyen de dresser une statistique tant soit peu fidèle des monstruosités perpétrées dans les Balkans, la conscience humaine en frémirait d’épouvante; car le nombre des victimes se compte par dizaine de milliers et par centaines celui des gros bourgs, des villages et des hameaux anéantis par le fer et par le feu. Rien n’a été épargné ; la rage dévastatrice des Etats, prétendus, civilisés des Balkans, égala celle des hordes qui suivaient le Fléau de Dieu. Et cependant les grandes puissances assistèrent indifférentes ou presque, à toute cette folie sanguinaire, qui s était emparée des Balkans en plein vingtième siècle et qui fut le point de départ de l’autre, de celle dans laquelle l’humanité se débat encore aujourd’hui. Il y eut tout d’abord une période d'incubation, si l’on peut dire, et cela dura pendant plusieurs années; les bandes de comitadjis (serbes) ou d’andartes (grecs) se faisaient la main en assassinant tous ceux qui se permettaient d’avoir des théories contraires aux leurs sur le problème des nationalités. Mais il ne s’agissait encore que de simples assassinats et d’excès qu’on pourrait, avec un peu de bonne volonté, qualifier d’anodins. Cela grâce surtout à la présence du Turc, qui suffisait encore pour mettre le holà. Entre temps, les Empereurs se rencontraient pour mystifier les peuples, n’envisageant que leurs propres