l’ancien régime tent plus aucune partie. Un sentiment de repos, de sécurité et de stabilité se répand dans le pays : 011 a partout conscience que cette situation nouvelle durera, que la réconciliation est définitive. Elle exige une revision, une adaptation des anciennes lois : les Diètes de 1712 k 1723 y procèdent, d'accord avec le roi. Dans le domaine militaire, administratif, judiciaire, leur action est également féconde ; l’organisation qu’elles donnent au royaume se conservera, sauf des modifications secondaires, jusqu’en 1848. Ce droit nouveau consacre, expressément ou tacitement, les grands progrès accomplis par le pouvoir royal ; mais il maintient au-dessus de toute contestation et de toute attaque le principe pour lequel ont lutté toutes les insurrections : la Hongrie a sa Constitution, ses lois, suivant lesquelles elle doit être gouvernée ; elle ne s’absorbe pas dans une monarchie unitaire, elle ne reconnaît pas un gouvernement absolutiste. Charles VI, en montant sur le trône aussitôt après la paix de Szatmâr, jure de respecter ces droits du royaume '. Bientôt la nécessité de régler définitivement la succession au trône donne l’occasion à la Hongrie de préciser de nouveau et de faire reconnaître plus solennellement encore sa situation particulière dans la monarchie. L'unité dynastique était le fondement de la monarchie autrichienne ; mais aucune loi n’en assurait le maintien. Les règles de la succession au trône étaient différentes en Autriche, en Bohême, en Hongrie. En Autriche, elle était, dès i52Ô. absolue dans les lignes masculines et féminines ; en Bohème, elle l’était devenue en 1627 ; en Hongrie, la Diète garda jusqu’en 1687 le droit d’élire le roi parmi les membres mâles de la dynastie ; elle l’exerça toujours, il est vrai, en faveur du premier né : « si le principe de l’élection était maintenu dans les lois, la règle-de l’hérédité était absolument suivie en fait2 ». Léopold Ier, en 1687, exigea la reconnaissance légale de l’hérédité masculine, et la Diète la lui accorda, en considération de ses victoires sur les Turcs et de la délivrance du pays. Son fils Joseph fut le premier Habsbourg couronné en Hongrie comme roi héréditaire. Mais Joseph mourut sans laisser de fils, et Charles, son frère, qui lui succéda en 1711, — désormais le dernier rejeton mâle de sa famille, — marié depuis trois ans, n’avait pas d’enfants. Le lien dynastique menaçait de se rompre, la monarchie de se diviser. La dynastie avait pris ses précautions pour la conserver. 1. Marczali. Enchiridion, 688-91. 2. Marczali, Enchiridion, 676.