LA RÉVOLUTION (1848-1849) 91 étaient des conscrits levés pour de longues années ; l’existence aurait été dure pour eux, s'il n’y avait eu mille moyens de rendre le service moins lourd : ils les pratiquaient, mais aux dépens de leur ressort moral. Beaucoup servaient en condamnés, l’enrôlement forcé était une peine 1 : ni le zèle des soldats ni l’esprit militaire n’y gagnaient. Dans les premières rencontres avec le peuple, les régiments ne se montrèrent pas tous sûrs. Mais la Révolution même réveilla l’esprit militaire. A entendre les démagogues déclamer contre « la brutalité des soudards », célébrer la victoire du peuple sur les mercenaires, exalter la garde nationale, officiers et soldats s'agacèrent également. Leurs chefs leur répétaient que dans l'universel parjure eux seuls étaient restés fidèles à leurs serments, et cultivaient en eux l’esprit de caste. La plupart des soldats, étrangers au pays où ils tenaient garnison, en comprenant à peine la langue, ne se sentaient vraiment chez eux qu’à la caserne : ils étaient dans la main de leurs officiers. Lorsque Radetzkv, par ses premiers succès en Italie, eut comme lavé les aigles autrichiennes des humiliations de la Révolution, toute l'armée sentit renaître sa confiance en soi et sa fierté. Elle redevenait un objet de respect et d'affection. Des millions d’Autrichiens applaudissaient l’ode de ürillparzer : « Tire ton épée. Ce n’est pas seulement pour les rayons de ta gloire. Dans ton camp est l’Autriche; nous autres, nous ne sommes que morceaux et débris -. » L’armée ne demandait qu’à le croire. Au moment même où la Révolution paraissait triompher dans toute l’Autriche, la conspiration militaire s’ourdissait contre elle. Le témoignage de Schwarzenberg, un initié, n’est p :s suspect : « La monarchie a été conservée par l’indiscipline de trois généraux : Radetzkv, qui s’est opposé au projet de Hummelauer; Jelaôié, qui a bravé en même temps la cour d’Innsbruek et le ministère de Pest ; et Windischgratz, qui a refusé l’obéissance au comte de Latour » Quelques semaines à peine après la Révolution, la contre-Révolution était prête, n’attendant qu une occasion favorable pour entrer en action. Le cours des événements révolutionnaires en Allemagne décida le gouvernement autrichien à dégager la parole de l’empereur en octroyant la Constitution du 25 avril. Le Parlement préparatoire de Francfort avait décidé la convocation d’une Constituante allemande, élue au suffrage universel. Iæs pays allemands-slaves 1. Vnter das Mililàr stecken. i. Ehrhard, Franz Griliparzer, 77-8. 3. I)er k. k. ouf. Feldmar.ichall Fui si Windisch-Gratz, 175.