58 l’ancien régime magne, dont ils faisaient, depuis t8i5, presque tous partie*, subirent le contrecoup du réveil de l’opinion allemande en 1840. Frédéric-Guillaume IV commençait alors sa décevante carrière, l’Allemagne s’abandonnait à son rêve d'un roi de Prusse vraiment libéral, la question d’une Constitution pour la Prusse passait à l’ordre du jour. Un propriétaire noble du Tirol, le baron Andrian, publia en 1842, à Hambourg, un des foyers de la littérature allemande d’opposition à cette époque, un ouvrage anonyme, l'Autriche et son avenir \ qui révéla l’Autriche à l’Allemagne et même à beaucoup d’Autrichiens. Pour la première fois, il appela l’attention générale sur le système du gouvernement autrichien et sur ses déplorables résultats, mécontentement du public et état critique des finances. Dans sa partie positive, il concluait à l’introduction en Autriche d'un constitutionnalisme très modéré : les États provinciaux eussent recouvré quelque pouvoir, et leur composition ei’it été modifiée pour y faire place aux classes autres que la noblesse. Interdit et traqué par la police \ ce livre fit pourtant fureur en Autriche ; on le glissa jusque sur le bureau de François-Charles, l’héritier présomptif; l'aristocratie, toujours jalouse de la bureaucratie, en fit son Évangile : il inspira et dirigea la fronde aristocratique des Diètes allemandes-slaves jusqu’en 1848. 11 est difficile de donner un autre nom à ce mouvement. Les résultats positifs en furent très minces. Il 11e prit un peu d’importance qu’en Basse-Autriche et surtout en Bohême. L’aristocratie de Bohême était, comme elle l’est encore, la plus riche et la plus orgueilleuse de l’Autriche : un certain nombre de ses membres les plus jeunes elles plus remuants, lorsqu’ils n’eurent plus en face d’eux que le gouvernement faible et peu redoutable de la conférence, se souvinrent que leurs prédécesseurs avaient eu des droits politiques et entrèrent en lutte pour les reconquérir. Ils profitèrent de l’intérêt qui, aux débuts de la renaissance nationale, s’attachait à toutes les traditions historiques ; les plus modérés des patriotes tchèques virent dans leurs efforts un moyen de rendre à la Bohème une partie au moins de son ancienne indépendance ; l’historien national Palackÿ, à leur demande, leur expliqua 1. Toute la Cisleithanie actuelle, sauf la Galicie et la Bukovine, la Dalmatie et une partie de l’Istrie, faisait partie de la Confédération germanique La Bohème, qui n’avait jamais fait partie du Saint-Empire, avait été ainsi incorporée dans la Confédération. 2. Uesterreich und dessen Zukunft. 3. Elle en fit acheter toute la première édition — en vain d’ailleurs. Beidtel, Gesch. der ust. Staatsvermaltung, II. 391.