LE DIPLÔME D’OCTOBRE aoy 1 Après Soliërino, l’empereur et ses conseillers étaient convaincus qu’un changement de système s’imposait : il leur fallut huit mois pour trouver la forme sous laquelle ü devait s’accomplir. Dans le manifeste où il annonçait la conclusion de la paix, le souverain se félicitait d’un événement qui allait lui permettre de se consacrer désormais tout entier « à fonder d’une façon durable la prospérité de l’Autriche et sa puissance à l’extérieur par le développement rationnel de ses forces matérielles et morales, et par d’opportunes améliorations législatives et administratives». C’était la condamnation formelle de la politique de Bach, et c’était aussi un programme plein de promesses et riche d’avenir, s’il avait contenu autre chose que des phrases, si l’application en avait été tentée aussitôt, et par un homme qui vît clair et loin, qui voulût réussir et qui fût forcé de réussir. Bruck eût été cet homme. Plus que tous ses collègues, le ministre des finances avait senti le poids des fautes de l’absolutisme, et il le sentait encore : de toute part on lui demandait de l’argent, ses caisses étaient vides, son crédit tué par le système *. Pour faire face aux dépenses de la guerre, il avait dû, malgré sa répugnance et sur les instances du conseil \ recourir à la Banque et par là démentir l’idée et détruire les résultats de toute son administration. Solférino l’écrasa a. Mais, le premier moment de découragement passé, il se remit « à son travail de Sisyphe 4 », et en même temps il avisa aux moyens d’en assurer le succès. Le premier, dès que l’empereur fut rentré à Vienne, il lui remit un mémoire qui recommandait un changement complet de méthode. Ce mémoire fut bien accueilli ; peut-être inspira-t-il en partie le manifeste impérial qui annonça des réformes. Les idées qu’il soutenait furent développées encore, et — par une hardiesse significative — soumises au public dans une brochure intitulée : Ce que doit faire VAutriche ". Si elles contiennent une part de fantaisie et de chimère, elles font honneur pourtant à la clairvoyance et au sens politique du ministre. Il faut à l’Autriche, dit la brochure, une 1. V. plus haut, p. 194. 2. Beer, Finanzen, 277. 3. lb., ‘278. 4. lb., 278. o. Oie Aufgaben Oesterreichs. Résumé dans Unsere Zeit, 1865, 773-3. E. — 14.