48 l’ancien régime tout leur empire un pouvoir plus absolu, jamais ils ne parurent plus près de réaliser leur rêve d’État autrichien, et jamais la Hongrie ne sembla plus menacée de voir les derniers restes de son indépendance confisqués au profit de la monarchie qu'au cours des années qui suivirent immédiatement le congrès de Vienne, de i8i5 à 1825 — des années mêmes où, sous la cendre, couvait la flamme qui allait bientôt embraser la monarchie tout entière, la flamme des idées modernes de liberté et de nationalité. Ill Le règne de Joseph II marque la crise de l’Autriche historique. Les réformes qu’il amoncela dans ses dix brèves années de pouvoir portèrent leurs fruits, même après qu’il eut été forcé de les révoquer. Les semences nouvelles qu’il avait jetées à pleines mains sur le sol delà monarchie, par lui retourné et sarclé, levèrent, malgré la négligence et la mauvaise volonté de ses successeurs, en une riche moisson. Des théories du despotisme éclairé, dont il s’était fait l’ardent propagateur, naquit un mouvement politique et national, dont le premier effet fut de rendre désormais irréalisable cet Etat autrichien unitaire et centralisé, idéal auquel il avait sacrifié tout le système traditionnel du gouvernement de la monarchie autrichienne. Ce système consistait dans la juxtaposition, ou plutôt la superposition de deux principes : le pouvoir monarchique absolu et l’administration féodale. L'autorité du souverain s’étendait directement sur toutes les classes privilégiées ; elle n’atteignait qu’à travers elles, par leur intermédiaire, la plèbe, surtout la masse rurale. Les classes privilégiées avaient été façonnées par l’absolutisme, la bureaucratie, la centralisation et la germanisation à l’idée autrichienne ; elles en transmettaient l’extrait, le résidu à la dernière classe des sujets. Ceux-ci n’avaient de rapports directs qu’avec leurs seigneurs féodaux : c’est d’eux qu’ils recevaient l’administration et la justice, et ils les recevaient dans leur langue nationale, vulgaire ; la plus irritante des questions de nationalité, la question des langues, était ainsi résolue, parce qu’elle était supprimée. D’ailleurs, avant de s’éveiller à la conscience nationale, il fallait que ces masses prissent conscience de leur dignité d’hommes, et comment, tant qu’elles étaient tenues en servage, l’auraient-elles pu ? — Par ce système, les Habsbourg avaient