l’ancien REGIME 3 européenne. Pour résister à l'absorption par l’Occident ou à la submersion par l’Orient, les petits Etats qui les occupaient jusque-là n’ont plus qu’une ressource : s’unir, eux aussi, en un grand État. Ferdinand, muni par la prévoyance de ses ancêtres de contrats et de traités, revendiqua la succession de son beau-frère. En Bohème comme en Hongrie, les États du royaume refusèrent de reconnaître sa femme ou lui comme héritiers légitimes du trône; mais aussitôt après ils l'élurent roi. Peut-on concevoir plus fort témoignage de la nécessité d'une monarchie autrichienne ? Egalement jalouses de leur indépendance, également défiantes du Habsbourg, la Bohème et la Hongrie se soumettent pourtant à lui. C'est qu’en lui seul elles trouvent un protecteur contre l’Islam, dont le flot a déjà entamé l’une et menace l’autre. Il est un souverain puissant et leur voisin le plus proche : il est surtout un prince de l'Empire et le frère de l’Empereur: à la défense commune, il apporte, outre ses propres forces, l’espoir, la promesse presque de l’aide de l'Allemagne. En Hongrie, le parti national extrême lui oppose un anti-roi, Jean Szâpolyai : pour se maintenir contre Ferdinand, Szâpolyai doit se reconnaître vassal du sultan, et recevoir de ses mains la couronne. Turques ou Autrichiennes — ni la Bohême ni la Hongrie n'avaient d’autre choix. Avant même de naître, la monarchie nouvelle — l’attitude des Diètes le prouve — a sa question constitutionnelle. Deux conceptions de l’Autriche s’opposent dès lors l’une à l’autre, dont la lutte remplit toute son histoire. Dans l’avènement des Habsbourg, la Bohême et la Hongrie ne veulent voir que la forme; l’élection, les conditions imposées à Ferdinand, l’engagement exigé de lui qu'il respectera les droits de ses nouveaux États. Ferdinand au contraire ne voit que le résultat : la prise de possession des deux royaumes, leur réunion à ses domaines. Pour la Bohême et la Hongrie, c’est-à-dire pour les Diètes qui les représentent, la monarchie n’est qu'une alliance : les trois alliés groupent leurs forces contre un ennemi commun, mais ils gardent leur indépendance. Pour la dynastie, elle est un État ; la Bohême et la Hongrie s'y effacent, elles n’en sont plus que des provinces, au même titre que les pays héréditaires qui en ont formé l’amorce : l’unité dynastique entraîne l’unité politique. — Contre celle-ci, de nombreux obstacles se dressent. La monarchie a été formée par agglomération, non par assimilation ; ses parties, brusquement groupées sous une pression extérieure, sont les plus diverses qu'on puisse imaginer : l’Autriche allemande, la Bohême slave, la