212 LES ESSAIS D'UNITÉ CONSTITUTIONNELLE que quelque chose allait se faire, mais non que ce dût être la seule chose utile, et doutant que le ministre fût bien homme à opérer une cure en grand '. Szécsen, consulté quelques semaines plus tard, donna le même avis que Jôsika. Son opinion avait du poids, parce que son loyalisme était indiscutable, et qu’il avait des attaches dans l’entourage le plus proche de l'empereur. Il mettait au service de son pays une haute situation sociale, des relations d’enfance et de jeunesse dans l’aristocratie autrichienne 2. Emile Dessewfly y consacrait le résultat de ses longues méditations, des études qu’il avait poursuivies durant les loisirs de l’absolutisme. Parmi les conservateurs, il était le plus instruit, le plus compétent sur la question de l’organisation de la monarchie et en particulier des affaires communes. A la nouvelle de Villafranca, il avait, dans un mémoire, condensé ses idées sur ce point. Les amis auxquels il le lut en approuvèrent les termes, et le baron Sennyey, désormais l’un des politiques les plus actifs du groupe, au milieu d’août, l’avertit que le moment était favorable pour le communiquer à Rechberg. Dessewfly dépeignit au ministre la situation menaçante en Hongrie, le pays moralement perdu pour la dynastie, les erreurs et les mensonges sur lesquels reposait le système des dix dernières années. Il indiquait dans son mémoire les moyens de parer à ces maux et d’assurer l’avenir : renvoi de tous les auteurs de la situation présente, ministres et membres du Reichs-rath ; réforme complète de l’organisation gouvernementale ; suppression des ministères communs, sauf pour la présidence du conseil, les affaires étrangères, les finances et la guerre ; nomination, pour compléter le conseil, de trois chanceliers auliques (Autriche, Hongrie et Transylvanie) et de ministres d’État sans portefeuille ; restauration des Constitutions de la Hongrie, de la Croatie et de la Transylvanie, en les adaptant aux transformations sociales de 1848 ; rétablissements dans les États héréditaires des anciennes constitutions provinciales, modifiées suivant les mêmes principes, et de manière à assurer aux éléments conservateurs, surtout aux grands propriétaires fonciers, leur inlluence légitime ; pour éviter l’éparpillement des forces cisleithanes, et par suite une prépondérance trop marquée des pays hongrois, nouvelle division des États héréditaires en six groupes 3 ; couronnement à Pres- t. Kônyi, üedk, II, 198-200. 2. Thalloczy, Graf A. Szécsen, 143. Couronne île Bohème, Galicie et Bukovine, Illyrie, Vénétie, Tirol et Vorarlberg, Autriche allemande.