LES ESSAIS d’unité CONSTITUTIONNELLE conseillers auxquels il avait prêté son oreille les conséquences d’un échec où ils n’étaient pour rien. Enfin, l’état des finances exigeait un nouveau changement. Le Diplôme avait été émis surtout pour restaurer la satisfaction et par là la confiance et le crédit publics ; mais l’opinion le rejetait. Le cours des papiers d’Etat baissait toujours, l'agio augmentait dans d’énormes proportions ; il était plus haut de beaucoup en novembre 1860 qu’au lendemain de Magenta et de Solférino \ Ces chiffres traduisaient le mécontentement des industriels, des commerçants, de la bourgeoisie riche et travailleuse ; ils exprimaient aussi la gêne où l’anarchie de la Hongrie plongeait le gouvernement. Les impôts de ce pays ne rentraient plus ; et, pour boucherie vide ainsi fait dans ses caisses, le ministre devait recourir aux expédients les plus douteux et les plus coûteux *. Plener, à qui l’empereur accordait alors une grande confiance *, attirait toute son attention sur les causes politiques de cette situation. Si bons que fussent ses rapports personnels avec Goluchowski, et si peu fédéraliste que fût en réalité le ministre d'État, Plener, et avec lui la bureaucratie centraliste, désiraient et appelaient un changement de régime, qui remettrait en vigueur, sous des airs constitutionnels, les principes administratifs de Bach. Les Hongrois, sans le savoir, aidèrent leur ennemis à triompher, en proposant à l’empereur, pour la succession de Goluchowski, Schmerling. L’accueil fait au Diplôme indiquait de quel côté il fallait chercher le remède. Si l’on donnait satisfaction au sentiment public des États héréditaires, en y restaurant une administration forte et libérale et en y inaugurant une politique vraiment constitutionnelle, on fortifiait la position de l’Autriche en face de la Hongrie, et par suite on donnait au Diplôme de nouvelles chances de succès. Montrer aux Hongrois une Autriche vraiment libérale, c’était, pensaient Vay et Szécsen, le seul moyen de les attirer vers elle, de lui donner confiance dans le Diplôme. Du point de vue hongrois, ils concevaient ainsi l’idée dont, durant les quatre années de Schmerling, s’illusionnèrent les libéraux allemands du Reichsrath. Pour faire cette politique, ils avaient choisi Schmerling. Szécsen songeait à former avec lui un « grand ministère», un 1. Agio en juillet 1859, 116 ; en nov. 1860, 140 et plus. Beer, Finanzen, 299. 2. Emprunt du 18 janvier 1861, à 9 "/a en réalité, motivé par le manque des contributions,hongroises. Beer, Finanzen, 299. 3. Sa nomination comme ministre en titre est du même jour que le renvoi de Goluchowski.