aao LES ESSAIS D’UNITÉ CONSTITUTIONNELLE branlable dans son légalisme absolu, moins disposé que jamais à céder un pouce des lois de 1848, considérait toute cette action comme une inutile mise en scène, et ne voulait pas s’y compromettre. DessewiFy, dont le gouvernement empruntait les idées pour les affaiblir et les travestir si singulièrement, refusait un siège au Reichsrath et conseillait le refus à ses amis *. Eôtvôs, qui avait eu la malchance de publier, quelques mois avant Solférino, un nouveau projet de Constitution pour toute la monarchie, rachetait cette erreur en démontrant que le problème autrichien ne comportait plus désormais d'autre solution que l’union personnelle ’. L’opinion excitée s’exaltait aux faits du jour : les procès contre les chefs de la résistance protestante ; la mort brusque à Vienne, coup sur coup, de Josika et de Széchenyi, Jôsika frappé au sortir d’un dîner chez Széchenyi, Széchenyi, huit jours après, se suicidant, inconsolable de la perte de son ami. Si invraisemblable que fût cette supposition, la moitié de la Hongrie aurait juré que le gouvernement autrichien les avait tués. Quatre-vingt mille personnes assistèrent au service funèbre célébré à Pest par le primat, venu exprès de Grau. L’archiduc gouverneur général, les ministres, partout où ils se montraient, étaient comme mis en quarantaine. Les familles des magnats, pour la première fois, prenaient part à des démonstrations en faveur des victimes de 1849. Un souille révolutionnaire avait passé sur le pays ; un même élan emportait toutes les classes de la société, toute la nation unie dans la revendication intégrale de son droit. Il fallait cependant qu’il parût des Hongrois au Reichsrath. Sans eux, il était tronqué, inutile; l'écliec était complet et compromettant. Il était difficile de les y attirer, impossible de s’y passer d’eux. Sans doute, les Hongrois qui avaient la confiance de l’empereur le lui firent entendre, et il agit sur ses ministres pour les contraindre à de véritables concessions. Une patente du 9 avril 1860 supprima la division en cinq districts établie par Bach, et concentra dans les mains du gouverneur général toute l'administration, en le chargeant spécialement de préparer la convocation d'une Diète légale. Le gouvernement général et le commandement en chef en Hongrie furent confiés à Benedek, un Hongrois, le général le plus populaire de l’armée, qui, par son éclatante bravoure, avait sauvé en Italie l’honneur des armes autrichiennes. 1. Kônyi, Dedk, II. 224. 2. Die Sonderstellung Ungnrns, vow Slandpunkte der Eivheit Deutschlands, 1860.