LA RÉVOLUTION ET LA RÉACTION l’orateur du ministère. La majorité du Parlement est d’accord avec leur politique ; mais ils n’ont pas voulu, osé ou su l’organiser ’. Ils ont donc remis leur sort entre les mains de Kossutli : ils comptent sur lui pour gagner l’opinion à une politique que lui-même n'approuve pas. Ainsi se prépare l’échec de la politique de légalité. Seul, le roi peut ramener au respect des lois les ennemis de la Hongrie, le ministère de Vienne et les nationalités hongroises ; seul. Kossuth peut contenir dans les limites de la loi l’opinion publique irritée contre les rebelles et leurs instigateurs. Il faut garder la confiance du roi, ouïes apparences de cette confiance ; et il faut conserver Kossuth, pour garder la confiance de la nation \ Le ministère s’usera dans ses efforts pour résoudre cette contradiction. Par la situation extraordinaire que, sous l'empire des circonstances, il a faite à Kossuth, il exaspère la crise ; grâce à la complaisance forcée de ses collègues, Kossuth a à sa disposition les deux plus puissants instruments d’agitation : la presse et la tribune ; et ses articles connue ses discours ont toute l’autorité des manifestations d’un ministre. Sa politique est inconciliable avec celle de ses collègues, et sa personne est intangible s. C’est sur la question italienne qu’éclata le conflit. La cour, depuis le début de la Révolution, avait beaucoup varié dans sa politique italienne. Suivant ses alternatives de courage et de faiblesse, de confiance et de résignation, suivant que le calme paraissait revenu dans la capitale et les provinces, ou qu’au contraire l’émeute se déchaînait à nouveau, elle s’était montrée plus exigeante ou plus accommodante. Un moment, elle était allée jusqu’à abandonner la Lombardie, jusqu’à promettre pour Venise une indépendance presque entière, si la Lombardie se chargeait d’une partie de la Dette autrichienne \ Mais alors Radetzky, renforcé d’une armée de réserve, reprend l’offensive, sort du quadrilatère où il s’était retiré, enlève Vicence. C’était un succès militaire, mais les conséquences morales en furent les plus importantes. L’armée d'Italie, après une période de revers, fêtait sa première victoire ; elle reprit confiance en elle-même. Radetzky venait de recevoir l’ordre de conclure un armistice, pour laisser aux négociations diplomatiques le temps d’aboutir. Il chargea un de ses généraux, le prince Félix Schwarzenberg, de porter à 1. Beksics, Kémény Zs.,§9. 2. Marczali, À leguj. kor lôrt., 655. 3. Marczali, A legúj. kor tort.. 656. 4. C’est le projet Hummelauer ; v. plus haut. p. 88.