LE DIPLÔME D’OCTOBRE aui 11 se posa en bon Hongrois, se prononça pour les droits de la langue nationale, entra en relations avec les hommes les plus considérés du pays, fussent-ils de l’opposition, lit des avances au sentiment magyar. L’opinion publique lui en sut gré, mais ne se laissa pas séduire et détourner de son but ; c’était la Constitution qu’elle réclamait, et elle restait intraitable. Des six membres temporaires qui furent choisis pour représenter la Hongrie au Reichsrath, les trois plus connus donnèrent leur démission : Eôtvôs etSomssich, qui, sous l’absolutisme, avaient défendu par la plume les droits de leur patrie, et Vay, victime tour à tour de Kossuth, de Bach et de Thun. Le ministère songea à ne pas les remplacer — tant il comprenait peu encore la situation ; — mais les trois autres alors offrirent leur démission, et le gouvernement dut céder. Ainsi se forma le groupe hongrois du Reichsrath ; ses membres, avec des nuances, étaient tous des conservateurs. Leurs chefs de file, Georges Majlâth et surtout Szécsen, avaient un plan bien arrêté. Après onze années de silence forcé, le Reichsrath, pour la première fois, leur offrait une tribune : ils y montaient pour lancer dans le public leur protestation contre la tyrannie passée, leur affirmation du droit historique de leur patrie, leur programme de réorganisation de la monarchie. Ce programme comportait une entente avec les pays cisleithans ; quel terrain eût été plus favorable pour la préparer que le Reichsrath, assemblée consultative, où se trouvaient représentées toutes les parties de la monarchie ? Mais là se bornait son rôle. A aucun prix les Hongrois ne voulaient tolérer qu’il perdit l'air d’une conférence pour prendre celui d’un Parlement d’Empire, qu’il lit des lois au lieu de se borner à donner des avis. Il pouvait, à titre consultatif et en quelque sorte bénévole, indiquer au gouvernement les maux dont souffrait la monarchie ; mais, à ces maux, il n’y avait qu’un remède: le retour à la loi, à la légalité et à la légitimité. La légalité et la légitimité, c’est la Diète hongroise ; elle est la seule assemblée compétente au regard de la Hongrie pour consentir toute modification de la Constitution, tout sacrifice en faveur de la monarchie. Développer le programme conservateur, montrer qu’il est réalisable parles voies constitutionnelles, préparer ainsi la convocation de la Diète, c’est tout le rôle que les Hongrois assignent au Reichsrath renforcé, toute l’utilité qu’ils lui reconnaissent. D’emblée ils le dominent. Seuls ils ont un plan arrêté, et la force de l’exécuter ; ils ont l’habitude de la vie publique et des