28 l’ancien régime aventureux étaient discutés : si l’on reconnaissait encore les Habsbourg pour rois, il fallait du moins leur enlever toute prise sur le gouvernement du pays, faire garantir la Constitution par la Prusse, créer une armée nationale hongroise. Leopold laissa passer l’orage. Ensuite, en se montrant intraitable dans la défense de son autorité et de ses droits, mais conciliant sur les demandes justifiées et légitimes du pays, il ouvrit la voie à l’entente finale dont les lois de 1790-1 enregistrèrent la conclusion. Ces lois portent la marque d’une époque nouvelle : par l’énergie et la précision de la rédaction, par l’invocation de principes pour justifier les dispositions pratiques, elles diifèrent de toutes les lois antérieures des Diètes féodales ; elles annoncent l’aurore de la période des réformes, dont Joseph a été ainsi l’initiateur '. Après une suspension d'un quart de siècle, la Diète de 1790-1 renouait le fil de la vie parlementaire en Hongrie. Sa tâche avait quelque chose de celle d’une Constituante. Avec les lois confessionnelles, les lois constitutionnelles sont les plus importantes qu'elle ait votées. Elles comblent en grande partie des lacunes que le règne de Joseph II avait révélées. Un délai de six mois, à dater de son avènement, est imparti à tout nouveau roi pour se faire couronner ; jusqu’au couronnement, il ne possède qu’une partie des droits royaux. La Diète sera convoquée tous les trois ans, plus souvent si l’intérêt public l’exige. Aucune aide ou contribution, en argent ou en nature, ne sera perçue, aucune levée de soldats ne sera effectuée sous aucun prétexte, fût-ce à titre d'offre volontaire, sans l’aveu de la Diète. Chaque Diète fixera le chiffre de la contribution militaire 5, qui sera valable jusqu’à la réunion de la suivante. 11 est rappelé (article XII) qu’en Hongrie le pouvoir législatif, « le droit de faire, d’abroger et d'interpréter la loi », appartient en commun au roi légitimement couronné et aux États et Ordres du royaume réunis en une Diète légale, et qu'il ne peut être exercé hors de la Diète ; que le pouvoir exécutif et judiciaire doit s’exercer conformément aux lois ; que le roi ne doit pas troubler par des ordres ou des patentes contraires aux lois la marche du gouvernement et le cours de la justice. La plus célèbre des dispositions de 1790-1 est l’article X, qui donne des droits de la Hongrie la formule la plus claire et la plus énergique: « Sur l'humble proposition des États et des Ordres du royaume, Sa Majesté a, dans sa bienveillance, daigné reconnaître ceci : Bien que la succession 1. Marczali, Enchiridion, 760. 2. Destinée à l’entretien de l’armée permanente.