LA RÉVOLUTION ET LA RÉACTION par les nouvelles institutions centrales, et par le concours sans réserve des peuples qui trouveront dans l’autonomie la garantie des intérêts qui leur sont chers. Esprit curieux et hardi, familiarisé par de longues études en Allemagne avec la pensée occidentale, l’horizon politique ainsi élargi, ami des vastes spéculations, Eôtvôs donne à ces idées la forme la plus précise et la plus philosophique à la fois. Mais elles se retrouvent, du moins pour l’essentiel, chez des écrivains très différents de lui. Si divers qu’ils soient d'origine, de situation, de nationalité, on rencontre chez tous le même thème : nécessité de compter avec l’unité de la monarchie, de lui donner les moyens de vivre et d’être une grande puissance ; nécessité aussi de respecter ses traditions historiques et les sentiments nationaux de ses peuples ; impossibilité de fonder l’unité sur la ruine de tout ce qui est vraiment fort en Autriche. — Palackÿ, dans un article de journal, reproduit son projet de division ethnographique, en sept groupes, cette fois ; pour les affaires communes, qu’il délimite à très-peu près comme Eôtvôs, il songe à constituer auprès du ministère, pour le contrôle, un conseil simplement consultatif ; on le sent même, comme d’ailleurs Eôtvôs, résigné à accepter, en échange de l’autonomie à l’intérieur, l’absolutisme dans les affaires communes De deux conservateurs comme Andrian, l’auteur de Oesterreich und dessen Zukunft, et Somssich, un des fidèles d’Ap-ponyi, on ne peut attendre que la défense du droit historique : leur idéal à tous deux est la restauration des Constitutions provinciales en Autriche et en Hongrie, et, pour les affaires communes, les solutions du programme conservateur hongrois de 1847 *• Springer, le futur historien de l’Autriche contemporaine, victime de l’arbitraire ministériel qui supprimait son journal, et alors au début de l’évolution qui, d’un Bohême à la Pinkas, devait le transformer en un Allemand centraliste, faisait ses adieux à l’Autriche par sa brochure l’Autriche après la Révolution. « L’unité ne s’improvise pas, » dit son épigraphe ; et il dissèque impitoyablement la Constitution du 4 mars et toute politique qui serait de même façon centraliste. « Nous sommes des Autrichiens, non point par une 1. Palackÿ, Sur la centralisation et l égalité nationale en Autriche. Spisy z oboru politiky, n” ¿3. — Cf. Die Gleichberechtigung der Nationalitaten, 70. 2. V. plus haut, p. 70. Andrian, Denkschrift iiber die Veriassungs-und Ver-waltungsfrage in Oesterreich, écrite en 1851, publiée seulement en 1859, mais communiquée à ses amis. — Somssich, Pas legitime Recht lingarns und seines Konigs.