CHAPITRE PREMIER Le Diplôme d’Octobre (1859-1860) I. Les derniers mois de l’absolutisme. — II. Le Reichsrath renforcé. — III. Le Diplôme d’Octobre. — IV. L’opinion publique et le Diplôme. — V. Les causes de l’échec du Diplôme. Dans l’histoire constitutionnelle de l’Autriche contemporaine — entendant par ce nom la monarchie entière jusqu’en 1867, et, depuis le Compromis, la seule Cisleithanie, — il est facile de reconnaître un rythme, que même, si l’on remonte au-delà de 1848, on voit déjà apparaître dans la dernière époque de l’ancien régime. Ce rythme est constitué par l’alternance régulière de deux systèmes politiques : l'un confie le gouvernement de la monarchie à la haute noblesse, provincialiste et décentralisatrice — pour employer des mots moins compromettants et plus généraux que les appellations usuelles, autonomiste ou fédéraliste— ; l’autre, au contraire, élève au pouvoir la bureaucratie, unitaire et centralisatrice. Également imparfaits, également inférieurs à leur tâche, ils s’usent vite, et leur succession est rapide. Au sortir de la Révolution, qui a été la catastrophe de l’ancienne méthode provinciale, c’est la tendance bureaucratique qui l’emporte naturellement : elle s’incarne dans Bach, s’étale dans son système. L’échec de l’absolutisme centraliste amène, par une réaction naturelle, la tentative du Diplôme d’octobre, qui, malgré sa couleur spécifiquement hongroise, est un essai d’organisation aristocratique-décentralisa-trice de toute la monarchie. Le Diplôme échoue à son tour, et, par le jeu naturel des forces, la bureaucratie centraliste, avec Schmer-ling, succède de nouveau à la noblesse historique. De même que les hommes d’octobre, dans la monarchie modernisée par la Révolution, reprennent la tradition de Metternich, Schmerling n’est — sous un déguisement constitutionnel — que l’héritier de Bach. Le Diplôme est la revanche de l’aristocratie sur la bureaucratie, des vieux conservateurs sur Bach, de l’histoire sur le système. Ce