LA RÉVOLUTION (1848-1849) tres et Kossuth, les relations finirent de même par n’être plus tenables. Les Autrichiens ne s’entendaient d’ailleurs pas mieux avec leurs alliés. Mais les Hongrois, écrasés par des forces supérieures, ne pouvaient plus résister. Chassées par des défaites successives, leurs troupes furent anéanties, le 10 août, àTemesvâr. Kossuth, cédant aux instances de ses ministres se démit de ses pouvoirs en faveur de Gôrgei. Depuis longtemps celui-ci considérait la cause hongroise comme perdue ; il n’avait accepté la dictature que pour effectuer la capitulation inévitable. Pour avoir eu le courage de prendre cette responsabilité, il a été plus tard, par tout un peuple, accusé de trahison. Le reproche est injuste : la Hongrie était vaincue, sans trahison. Mais une autre responsabilité charge la mémoire de Gorgei : il ne voulut se rendre qu'aux Russes, et prit toutes ses mesures pour que l’honneur de la victoire fût visiblement enlevé aux Autrichiens. Il satisfaisait ainsi ses rancunes personnelles. Peut-être comptait-il aussi que les Russes, en récompense du succès qu’il leur offrait, protégeraient la Hongrie. Mais, partisan de l’ordre monarchique et de l'ancienne Constitution, il portait par son dernier acte un coup fatal à tout espoir de restauration. Si la jalousie des Autrichiens contribua à rendre plus terrible leurs vengeances, c’est lui qui en est responsable : « l'idée de faire encore du dernier acte de l’armée révolutionnaire un outrage mortel à l’Autriche et l’exécution de cette idée sont en première ligne de lui '. » Trente mille hommes capitulèrent devant les Russes à Világos, le i3 août. Des restes des armées hongroises, une faible part put échapper à la poursuite et se réfugier sur le territoire turc ; un certain nombre des chefs l’y précéda et l’y suivit. Les autres se rendirent aux Autrichiens ou aux Russes. Les forteresses ouvrirent successivement leur portes. Komorn résista la dernière. Klapka ne la rendit que le 29 septembre, toute la garnison devant rester libre. Mais l’éclat de sa défense ne pouvait pas masquer la défaite totale : lui non plus n’avait pu obtenir ni amnistie, ni garantie pour la Constitution 2. La Révolution était vaincue ; l’Autriche, qui avait failli y périr, en sortait plus que jamais vivante et résolue à vivre. 1. Marczali, A legùj. kor tort., 729. 2. Klapka, Aus meinen Ermnerungen, 178, 181-2.