a3a LES ESSAIS D’UNITÉ CONSTITUTIONNELLE pression et de silence, c’était beaucoup qu’à Vienne, en plein conseil de l’empereur, Majlâth pût prononcer ces paroles qui avaient la valeur d’un manifeste, d’une réfutation publique de la théorie de la forfaiture : « On nous dit que nous n’expliquons pas clairement ce que c’est que le droit historique. Je ne puis répondre à cela que par nn exemple. Demandez en Hongrie, non pas à un jurisconsulte, mais au premier venu, demandez à une simple femme du peuple, demandez à un collégien ce que c’est qu’une loi. et tous deux vous répondront : la loi, c’est ce qui est résolu d’accord entre le roi légalement couronné et la Diète '. » Des adresses de sympathie arrivaient du pays « aux particuliers qui exprimaient des opinions si conformes aux siennes ». Dessewffy, converti par le succès de Szécsen, se reprenait à espérer, et, au milieu de septembre, il écrivait un supplément à son mémoire de l’année précédente, il esquissait un plan complet de réformes, il préparait les actes impériaux nécessaires pour les appliquer dans tout l’Empire '. III Le choix de l'empereur était fait en principe, au moment où le Reichsrath lui présentait ses timides avis, depuis plusieurs semaines. En août, Szécsen avait eu l’occasion de le décider 3. Les grandes lignes du Diplôme étaient arrêtées, quand l’opinion se demandait encore ce qui sortirait des discussions du Reichsrath, et quand Dessewffy combinait dans son fertile cerveau un plan d’exécution pour la grande réforme qu’il avait conçue ou, comme ii disait, pour le « coup d’Etat ». Il voulait d’abord y préparer l’opinion par des rescrits impériaux et par la presse ; puis publier les Diplômes qui établiraient dans la monarchie le principe constitutionnel et un Parlement autrichien, et les rescrits qui restaureraient la Constitution hongroise et en étendraient les libertés fondamentales aux pays cislei-thans. Le Parlement d’Empire et les Diètes auraient voix délibé-rative ; au premier étaient réservées les matières militaire, doua- 1. Dix-septième séance. 2. Kônyi, Dedk, II, 244. 3. Thalloczy, Graf Anton Szécsen, 150. Le 12 août 1860, Szécsen fut invité à accompagner l’empereur à l’inauguration du chemin de fer de Salzbourg; c’est dans ce voyage qu’il le décida à l’idée du Diplôme.