l’ancien régime i3 défendre les maigres droits qui leur restent, sans essayer d’en reconquérir d’autres. La centralisation a le champ libre : et l’usage officiel de l’allemand, égalé en droit au tchèque, et en fait plus employé, prépare la voie à l’absorption delà Bohême. Le législateur absolu est désormais un dans toutes les provinces autrichiennes ; comment la législation et l’administration tarderaient-elles à y devenir unes? Ferdinand aurait pu supprimer les derniers vestiges de l’indépendance du pays, la Diète, la chancellerie, le couronnement. Par paresse et manque d’idées, sans doute, plus que par scrupule, il ne le fit point : il laissa subsister les formes auxquelles, après la renaissance tchèque, se reprit la tradition nationale. Du moins le travail préliminaire de l’unité était accompli, et, si l’on veut, la tâche « facilitée à toutes les usurpations postérieures 1 ». Si la Hongrie a échappé au sort de la Bohême et à la prise de l’absolutisme autrichien, c’est aux Turcs qu’elle le doit : les Turcs ont été les protecteurs de son indépendance. Pendant cent soixante ans, de la bataille de Mohâcs à la reconquête de Buda, qui marque pour la puissance ottomane le début de la décadence rapide, il n’y a plus une Hongrie, il y en a trois : à l’Ouest, la Hongrie royale, autrichieime ; au centre, la Hongrie turque ; à l’Est, la Hongrie magyare, nationale, représentée surtout par les princes de Transylvanie, qu’appuient le plus souvent les Turcs. Ferdinand a bien acquis en i526 là couïonne royale ; mais il n’a pas acquis avec elle la possession incontestée du pays. En Bohême, il est roi, seul roi et vraiment roi ; mais en Hongrie il se heurte à un antiroi, élu lui aussi par une Diète, Jean Szâpolyai. La division de la nation qui s'est ainsi dessinée durera, presque deux siècles, ne prendra fin qu’avec la dernière insurrection : d’un côté, le parti qui, chrétien avant tout, préfère, quelques craintes qu’ils lui inspirent, les Habsbourg aux Turcs ; de l'autre celui qui, plus magyar encore que chrétien, plutôt que de sacrifier sa nationalité à l’Autriche, choisit de la conserver sous la suzeraineté des Turcs. Entre les deux, il n’existe pas cette haine inexpiable qui, en Boh ême, a divisé les partis religieux. Exception faite des fanatiques, nombreux d’ailleurs, le bien de la nation, ses libertés sont également chers aux uns et aux autres : ils ne diffèrent que dans 1. Denis, o. c., I. 119. — Sur toute celte question du droit d’État de la Bohême, Kalousek, Ceské stdlni prâco, ch. VI. Toman, Das bohm. Staatsrecht. Kramai-, Oas bohm. Staatsrecht. Fischhof. Oesterreich u. die Bürgschaften seines Bestandes.