l’ancien régime satisfaire son esprit absolu. Ces formes vénérables, que sa mère sagement avait laisser subsister, lui paraissaient des vestiges surannés d'un âge à jamais disparu : elles encombraient I’État rationnel qu'il rêvait de fonder. D'un trait de plume, il les abolissait. Marie-Thérèse avait évité de soulever des oppositions trop violentes et arrêté ses réformes aux frontières de la Hongrie. Cette prudence semblait à Joseph delà faiblesse. Il ne pouvait admettre que la raison reculât devant le préjugé, la philosophie devant la superstition. — Il refusa de se faire couronner roi de Bohême et roi de Hongrie, cessa de convoquer les Etats dans tous ses pays, resserra la discipline et étendit les pouvoirs de l’administration monarchique, qu’il introduisit aussi en Hongrie, réorganisa sur un modèle partout uniforme les finances et la justice, de manière à les rendre dépendantes de lui seul et à s’assurer un revenu certain, entreprit d’eifacer par une division nouvelle de toute la monarchie en cercles jusqu’à la trace des droits historiques de ses États, de recouvrir sous le vernis de la langue d’État allemande la diversité nationale de ses sujets. Il échoua devant l’immensité et la difficulté de son œuvre, l'insuffisance des moyens dont il disposait, les complications extérieures où il se laissa entraîner ou se jeta, la résistance presque unanime de ses sujets, l’insurrection que déchaînèrent en Belgique ses mesures les plus louables, les édits de tolérance. A son lit de mort, il dut révoquer toutes ses réformes. Son successeur Léopold II eut la sagesse de patienter et de temporiser. Il laissa se calmer les fureurs soulevées par Joseph, et qui s’étaient déchaînées lorsque l’empereur, malade, vaincu, se voyant méconnu par ceux mêmes qu’il avait voulu servir, avait dû proclamer lui-même son échec. Il se donna le temps de débrouiller la situation extérieure menaçante que lui avait léguée Joseph. Lorsqu'il y eut réussi, il put de nouveau consacrer toutes ses forces à la restauration de son autorité à l’intérieur ; et de cette crise, qui avait été si grave, le pouvoir monarchique sortit, au bout du compte, grandi et fortifié. L’aristocratie de Bohême n'avait point eu de part à la défaite de Joseph : elle n'en fut que plus ardente à la curée. Dans sa première ardeur de réaction, la Diète de Prague ne réclama rien de moins que la restauration pure et simple de la Constitution de 1627, avec abrogation de la clause qui conférait au roi le plein pouvoir législatif. C’était toute l’œuvre de Marie-Thérèse qui eût ainsi été abolie. Mais cet élan ne dura pas longtemps. Il n’y avait plus en Bohême une aristocratie politique, mais seulement