LA RÉACTION (1849-1859) i83 1857. Pour bien marquer que la politique du gouvernement ne subissait aucun changement, ce voyage se fit en cinq morceaux : chacun des cinq territoires administratifs reçut spécialement la visite de l’empereur, qui, entre deux de ces tournées, rentrait à Vienne \ Bien que la méthode de Potemkin eût été partout appliquée en grand, le succès ne répondit à l’attente de Bach : sa position à la cour semble moins solide depuis ce moment. Les résultats de ce voyage furent moins heureux encore pour la monarchie ; car c’est lui qui rendit le dualisme inévitable. La Hongrie avait accueilli l’annonce de la visite impériale comme le signe avant-coureur d’un changement de système politique. Bien que le gouvernement, sur le conseil de l’archiduc Albert, se fût attaché à dissiper, par des communiqués, toute illusion à ce sujet, les conservateurs ne renoncèrent pas à leur espoir. Dessewffy rédigea une nouvelle pétition. Parmi les cent trente signataires, on trouvait, à côté des grands noms du parti conservateur — parmi lesquels figurait même celui du vice-président du Reichsrath, Szôgyény, — Eôtvôs et Ghiczy, libéraux connus, et un certain nombre des principaux négociants et industriels de Pest. La pétition affirmait que la Hongrie ne demandait ni privilèges vis-à-vis des autres pays de la monarchie, ni réaction sociale, efr qu’elle connaissait et voulait remplir tous ses devoirs envers la monarchie ; mais elle faisait le procès du régime de Bach, de ses nouveautés hâtives et de sa tyrannie. Malgré toutes les précautions prises, la police en eut vent ; Bach et Kempen s’employèrent de toutes leurs forces à empêcher la remise du document. Pendant plus d’un an, le primat Scitovszky l’emporta chaque fois qu’il allait à Vienne, jusqu’à ce que, lassé de cette vaine attente d’une occasion favorable, il finit par la déposer dans ses archives de Gran !. A la fin du voyage, l’empereur, dans un rescrit au gouverneur général, se déclara résolu à maintenir la politique jusque là suivie en Hongrie. Bach cependant n’était qu’à moitié sûr de son triomphe. Aussi éprouva-t-il le besoin de faire ressortir encore ses mérites dans un Coup d'œil sur le développement de la Hongrie pendant la dernière période ’. Cette brochure, œuvre de Bernard Meyer, l’ancien chef du Sonderbund, devenu directeur au ministère de l’intérieur, développait les doctrines chères au ministre, État chrétien, unité 1. Rog«e, I, 482. 2. Drei Jahre Verfassungssireil, 28-30. 3. Rnckblick auf die jüngste Entwicktungsperiode Ungarns.