QÎO LÈS ESSAIS d’unité CONSTITUTIONNELLE rénovation, une transformation complète. A l'intérieur, rompre avec l’étroit esprit de réglementation, de surveillance, de police, centralisation réactionnaire, de bureaucratie absolutiste ; rompre avec cet esprit sur tous les terrains, politique, administratif, économique ; rendre aux communes et aux provinces toute l’autonomie possible sans inconvénient pour l’État ; créer un Parlement, mais un vrai, et non une réédition des anciennes Diètes impuissantes ; exciter par la liberté et la concurrence l’activité économique : à cette fin, et pour assurer la grandeur de la monarchie, faire entrer l’Autriche dans le Zollverein ; et, pour faire réussir ce plan, pour conquérir les sympathies allemandes, cesser d’apparaître en Allemagne comme la puissance réactionnaire, ennemie naturelle des États constitutionnels. Mais, j)our opérer une véritable réforme à l’intérieur, il faut avant tout modifier les traditions de la politique extérieure. Il faut que l'Autriche diminue ses prétentions pour les égaler à ses forces : si elle se gaspille moins à des tâches impossibles et pour des causes étrangères, si elle mesure exactement ses intérêts pour s’y consacrer tout entière, elle gagnera à ces sacrifices d’acquérir en réalité une situation extérieure plus solide et plus considérée. Pour se réformer, il lui faut donc avant tout secouer l’influence de traditions diplomatiques vieillies et de la coterie ignorante, suflisante. prétentieuse et nulle qui en fait son credo, et qui, malheureusement, a toujours dirigé la haute politique de la monarchie. — Avec une rare perspicacité et une franchise encore plus rare, la brochure découvre donc et signale les deux grands ennemis d’une saine politique autrichienne, vraiment et uniquement autrichienne : l’idée de la « situation de puissance », cette chimère d'une grandeur imaginaire à laquelle a toujours été sacrifiée la force réelle de la monarchie, et la clique qui exploite cette idée pour perpétuer son pouvoir. Mais ni l’une ni l’autre n’était encore mûre pour la chute. L'influence dominante dans le gouvernement était exercée non par Bruck, mais par le ministre des affaires étrangères, Rechberg. Élève de Metternich, et bien inférieur comme esprit à Bruck, il s'était fait ses idées sur l’Autriche dans les cours étrangères et à la présidence de la Diète germanique. Premier ministre de la monarchie dans une crise grave, s’il ne négligeait pas entièrement les questions intérieures, la politique extérieure lui paraissait cependant bien plus importante. Il la menait dans le même esprit qu'avant la guerre. La paix de Zurich n’avait pas tenu les promesses de Villafranca. L’Autriche, forcée d’abandonner la Lombardie,