LA RÉVOLUTION ET LA RÉACTION providentielle Dès qu’il connut le départ de la cour, il prit ses mesures pour marcher sur Vienne ; en même temps, il envoyait à l’empereur l’avis de n’entrer en aucune espèce de négociations avec le Parlement, et d’appeler de Vienne, pour s’entourer de ses conseils, le prince Félix Schwarzenberg, son beau-frère. Il fallait rompre entièrement avec la Révolution et, pour bien souligner la rupture, dissoudre le Parlement. Depuis longtemps cette assemblée s’était attiré la haine de l’armée : ne venait-elle pas de se souiller encore du sang de Latour, comme sur celle de Pest retombait le sang de Lamberg ? On ne discutait pas les avis de Windischgrâtz et le manifeste de dissolution était déjà imprimé 2. Mais Stadion, qui avait rejoint la cour dans sa fuite, prêchait au contraire l’entente avec le Parlement. Les députés de la droite et du centre, réunis à Prague, délibéraient sur les moyens d’assurer la durée de la Constituante 3. Stadion et les ministres les approuvaient. La réunion délégua à Olmütz deux de ses membres : ils y lurent, le i(> octobre, un manifeste impérial qui donnait à Windischgrâtz, promu en même temps maréchal et investi du commandement de toutes les armées impériales excepté celle d’Italie, pleins pouvoirs pour marcher sur Vienne, mettre un terme à l’anarchie qui s’y étalait, « à ce régime de terreur dont il n’y a qu'un exemple dans l’histoire », et rétablir la paix dans la monarchie ; après quoi les ministres procéderaient, d’accord avec le Parlement, à l’élaboration des lois nécessaires à la conciliation de la liberté et de l’ordre. Mais les députés voulaient des assurances plus précises, la promesse que le Parlement « indissoluble » serait réuni dans le plus bref délai possible : c’était, disaient-ils, le seul moyen de sauver l’Etat dans les diflicultés présentes 4. Les pouvoirs extraordinaires confiés à Windischgrâtz irritaient même les plus modérés. La cour céda ; un nouveau manifeste, beaucoup plus conciliant, parut le 19 octobre '. Restait à trouver un siège pour t. Il est important, pour l’intelligence exacte delà Révolution, de comprendre au juste comment la contre-révclution militaire a été préparée. Les renseignements essentiels se trouvent: pour l’influence de Windischgrâtz et ses pouvoirs, dans Helfert, Gesch. Oest. I, 75, 79; III, 349-52, et note n° 331 ; pour l'idée qu’il se fait de sa mission, dans Ilelfert, Gesch. Oest., IV, 117-8, et Beer, Kiibeck u. Mellernich, 39. 2. Helfert, dans Osvèta, 1890, II, 722; cf. Springer, Gesch. Oest. II, 088. Hübner, Ein Jakr meines Lebens, 236, 238, 244. 3. Cern ÿ, Boj za prdvo, 426. 4 Cernÿ, Boj za prdvo, 438. o. Cernÿ, Boj za prdvo, 439.