UOU LA RÉVOLUTION ET LA RÉACTION corps était retenu en Hongrie pour assurer le repos du pays ; il n’y avait pas de réserves ; les vices, la corruption de l’intendance avaient éclaté à tous les yeux. Les caisses publiques étaient vides, et il n’y avait plus de moyens de les remplir. Il fallut ainsi abandonner la Lombardie et conclure la paix. La désillusion du public fut terrible ; il avait vu l’armée entourée de tant de soins, il avait supporté pour elle de si lourdes charges, qu’en elle au moins il avait eu confiance. A la cour aussi, on était désormais fixé sur la valeur du système: à peine rentré du quartier général de Vérone, à la fin de juin, le nouveau ministre des a lia ire s étrangères, le comte Rechberg, demanda à Bach, de la part de l’empereur, sa démission ’. « L’Autriche a réussi à mettre fin à ses troubles intérieurs, à guider dans des voies concentriques les forces qui se contrecarraient, à fonder solidement l’unité de l’Empire, à faire dans la voie de la civilisation un progrès dont jusqu’alors on n’avait même pas l’idée, à ouvrir les sources de la prospérité publique ; forte'à l’intérieur, plus respectée que jamais à l’extérieur, elle a reconquis sa place au premier rang des grandes puissances, son ancienne et légitime influence en Allemagne, et s’est élevée, dans les luttes si grosses de conséquences de l’Orient contemporain, au rôle d’arbitre de l’Europe. » — Une année seulement sépare l'apparition du livre * où Czôrnig, le directeur de la statistique officielle, célèbre si fièrement les mérites du système, et la guerre d’Italie, où s’effondra brusquement toute cette « nouvelle Autriche » de carton, ou plutôt de papier. Tout n’est pas faux, cependant, dans l’éloge du panégyriste officiel. L’absolutisme de Bach a fait à la monarchie un peu de bien ; mais il lui a fait beaucoup plus de mal. L’administration a été, pendant cette période, plus régulière et mieux ordonnée que sous l’ancien régime, et, par suite, des progrès matériels ont été accomplis, grâce aussi à l’achèvement de l’œuvre d’émancipation, qui reste le grand titre de Bach. Par contre, ces dix ans de règne de la force brutale, de mépris de toutes les idées, de tous les sentiments les plus forts des peuples, ont, par leurs conséquences morales, profondément affaibli l’Autriche. On a comparé souvent la tentative de Bach à celle de Joseph II ; mais elle a bien plus de ressemblances et d’alfinités intimes avec la conduite que Ferdinand II tint en Bohême après 1. Sybel, Begrnndung, II, 316-9, 322-3, 327. Friedjung, Kampf, I, 29-30. Beer, Finanzen, 297. 2. Die Neugestaltung Oesterreichs (18b8), 27.