CHAPITRE II La Réaction (1849-1859) I. Le retour à l’absolutisme. — II. Le système de Bach. — III. L'opinion publique. — IV. La ruine du système. Les dix années de la réaction ont décidé du sort de la monarchie : elles pèsent encore aujourd’hui sur elle. En octobre 1849, en i85o, même en i85i, il était possible, il était facile d’associer peu à peu les peuples autrichiens à la direction des affaires publiques, sans rien enlever à la couronne de sa force réelle, de les rapprocher dans uné œuvre commune, de créer entre eux le sentiment de solidarité, dont le manque avait fait la faiblesse de la monarchie sous l’ancien régime. Des concessions constitutionnelles très-modérées y auraient suffi. En optant pour la réaction absolutiste, brutale et sans phrases, le gouvernement détruisit cette chance d’union, il prépara les discordes et les divisions futures. Il engagea contre la Hongrie un duel à mort, et par là suscita à la monarchie l’irréductible opposition des Hongrois : le dualisme de 1848, dont une faible minorité seulement osait en i85o espérer la restauration, devint dix ans après le minimum de leurs prétentions. La suppression de toute vie publique anéantit les fruits du rapprochement qui s’était opéré à Kremsier ; lorsque l’absolutisme tomba, les peuples de l’Autriche s’ignoraient de nouveau autant et se haïssaient plus qu'aux débuts de la Révolution. Tels furent les résultats les plus graves de la tentative d’imposer à l’Autriche moderne, sur laquelle 1848 avait passé, l’unité par l’absolutisme, la centralisation et la germanisation, c’est-à-dire par les moyens qui avaient échoué dans l’Autriche d’ancien régime. Il y avait contradiction entre l’Autriche nouvelle, telle que la Révolution l'avait faite, et cette « copie, ou plutôt ce plagiat, du système joséphiste », « dépouillé des idées libérales et modernes qui rendent Joseph II si sympathique \ » t. Somssieh, Pas légitime Recht Ungarns, 8i.— Kramàr, liôhm. Stualsrecht, Zeit, 16 nov. 1895, 102.