na LA RÉVOLUTION ET LA RÉACTION une entrevue sur un vapeur au milieu du lae Balaton ; les officiers croates avaient craint que « la force de la vapeur ne l’emportât sur le sauf-conduit de l’archiduc» Le palatin, ne pouvant pas traiter et ne voulant pas combattre, s’enfuit à la dérobée à Vienne, y remit sa démission au roi, et se retira dans ses terres d’Allemagne, flétri par la Chambre hongroise, victime en réalité à plaindre d'une situation fausse. Széchenyi était devenu fou, en voyant sombrer l’œuvre de toute sa vie : il avait voulu la renaissance de la Hongrie par le développement des forces du pays, mais dans l'union séculaire avec l’Autriche, par l’entente avec la dynastie ; maintenant, il s'accusait d’avoir déchaîné la révolution, attiré le malheur sur sa patrie. Eôtvôs, prévoyant une catastrophe, passait en Allemagne. Deâk, plus calme et plus ferme, ne voyait pas moins en noir l’avenir de son pays. La cour exige, disait-il a, le sacrifice de ce qui est essentiel à notre indépendance nationale et à notre liberté constitutionnelle. Prétendre résister par la révolution, entrer en hostilité déclarée contre le roi, c’est folie chez nous. Depuis longtemps, je voyais le parti qui travaille à détruire notre liberté et notre nationalité appuyé involontairement par un autre parti qui poussait à des actes révolutionnaires ; celui-ci n'aperçoit-il pas aujourd’hui combien faux étaient ses calculs? L'avenir est impossible à prévoir ; mais il est sûrement gros de grands dangers. Cependant Kossuth, que Deâk désignait ainsi sans le nommer, prenait toutes ses mesures en vue de cette révolution qu’il avait provoquée. A sa demande l’assemblée votait l’organisation effective de l’armée nationale ; elle accordait aux anciens propriétaires de corvées des avances sur l'indemnité qui leur avait été promise, et, en même temps, abolissait les derniers restes de charges féodales, rattachait ainsi à la cause de la Révolution les nobles comme les paysans ; elle décidait, le i5 septembre, l’envoi d'une députation au Parlement autrichien. C’est un des moyens d'action de la camarilla, dit Kossuth que de semer la discorde entre les peuples de l’Autriche et ceux de la Hongrie. Pour combattre cette manœuvre, il convient d’envoyer au Parlement autrichien une délégation du Parlement hongrois : elle lui affirmera que ces manœuvres n'ont pas réussi à détruire en Hongrie la sympathie pour les peuples autrichiens ; eüe exposera que le 1. Iranyi et Chassin, Révol. de Hongrie, II, 87. 2. Konyi, Deâk, II, 128-9. 3. Konyi, Deàk, II, 124.