LE DIPLÔME D’OCTOBRE 233 nière, financière, et toutes celles dans lesquelles les Diètes reconnaîtraient la nécessité de l’unité de législation. La justice, l’instruction, les cultes faisaient retour aux provinces, qui devaient même jouir, dans une certaine mesure, de l’indépendance financière. Les conquêtes sociales delà Révolution étaient sanctionnées à nouveau, la liberté religieuse garantie et assurée ; la question des langues serait réglée de façon à concilier dans la mesure du possible le droit historique de certaines nationalités avec le droit naturel des autres. DessewfJÿ avait poussé la prévoyance jusqu’à insister sur la nécessité de faire, dans l’organisation nouvelle, une large place à l’élément roturier, et d’appeler au conseil un ministre roturier. Son plan 1 était vraiment conservateur, vraiment libéral et vraiment politique. Pour mesure des droits communs à tous les pays de la monarchie, il prenait les droits les plus étendus dont eût jamais joui aucun d’eux, les droits de la Hongrie, il respectait les traditions historiques, mais sans y sacrifier les besoins modernes. Il n’eût sans doute pas soulevé les résistances qui, en peu de mois, eurent raison du Diplôme. Au commencement d’octobre, Dessewflÿ apprit ce qui se préparait à Vienne, la résolution de l’empereur, ses nombreuses conférences avec Szécsen. Il envoya aussitôt son mémoire à Szécsen, qui le déclara d’emblée inapplicable. Le i3 octobre, Szécsen appela à Vienne les membres hongrois du Reichsrath et quelques uns de ses amis. Sitôt arrivés, il leur communiqua tous les documents préparés en vue du changement de régime ; il les pria d’en presser l’examen, car il fallait que tout fût prêt pour le 20. L’empereur partait le 21 pour VarsoVie, où il devait rencontrer le tsar et le prince régent de Prusse, et il était impossible que les concessions constitutionnelles semblassent faites sous une pression du dehors. Les Hongrois se trouvèrent ainsi forcés d’examiner, presque sans avoir le temps de réfléchir, des actes d’une importance capitale, et dont jusque-là ils ignoraient tout. Sur ordre exprès de l’empereur, le baron Vay fut mandé télégraphiquement à Vienne ; de longues conférences, prolongées souvent très tard dans la nuit, fréquemment troublées par de brusques appels chez l'empereur, s’ouvrirent sous la présidence de Rechberg. Dessewffy y défendit énergiquement ses idées contre les modifications réactionnaires qu’y apportaient les projets officiels : il n’obtint presque aucun résultat : Szécsen et Rechberg lui répondaient que ses plans étaient exagérés, que le souverain n’y souscrirait jamais. Dans la journée 1. K6nyi, Deàtc, II, 244-69.