LA RÉVOLUTION (1848 1849) 107 secours à l’Autriche que si celle-ci reconnaît pour frontière la ligue de l’Adige, renonce à tout territoire au delà de ce fleuve, et promet pour ceux qu'elle conservera en deçà un régime constitutionnel. Pendant que l'opposition jubilait, les ministres étaient atterrés. En vain Deák et Eôtvôs essayaient de réparer ces fautes énormes, en vain Kossuth, pressé par ses collègues, se rétractait et arrachait à la Chambre le vote désiré : l’impression de ses paroles restait ineffaçable. Il semblait d’ailleurs prendre plaisir à soulever arbitrairement les questions les plus épineuses, à y compromettre le ministère, à provoquer la cour. — Autant qu’à l’unité italienne, la Hongrie était sympathique à l’unité allemande. Elle avait avec l’Allemagne un adversaire commun, le slavisme ; elle voyait aussi dans une union intime de l’Autriche cisleithane et de l’Allemagne la meilleure garantie de son indépendance contre les entreprises de centralisation. Elle avait déjà envoyé à Francfort des représentants officiels, porteurs de déclaration d’amitié ; ce qui ne s'accordait qu’à moitié avec l’unité diplomatique de la monarchie. Puis l’opposition proposa de déclarer que, « si le gouvernement de Vienne se trouvait impliqué dans une guerre avec le pouvoir central de l’Allemagne au sujet de l’unité allemande, il n’aurait pas à compter sur l’appui de la Hongrie », et Kossuth, au nom du cabinet, qui ne l’y avait pas autorisé, se prononça pour cette proposition : faute capitale, que rien ne pouvait racheter. — Sous prétexte de conciliation envers l’opposition. il fit décider la création de bataillons nouveaux, qui recevraient une organisation nationale, et sei-aient le premier noyau d’une armée hongroise. — L’unité diplomatique, l’unité militaire, s’écroulaient sous ses coups ; si on laissait faire le gouvernement hongrois, que deviendrait la monarchie inséparable et indivisible de la Pragmatique Sanction ? Tandis que Kossuth accumulait les provocations, le parti de la résistance à la Hongrie prenait à la cour une influence grandissante. Radetzky, continuant le cours de ses victoires, battait les Sardes à Custozza, rentrait en triomphateur dans Milan (7 août). L’énergie d’un seul général suffisait à maintenir dans le devoir cette armée où ne manquaient pas les régiments hongrois, et à l’entraîner de succès en succès. Pendant ce temps, dans le Banat, les troupes du gouvernement hongrois se laissaient infliger par les bandes improvisées des Serbes échec sur échec : quelle résistance pourraient-elles donc opposer à de vrais soldats, à une armée victorieuse ? La cour envisageait désormais avec plus de