LA RÉVOLUTION (1848-1849) de la nation hongroise ne pouvaient répondre que par la déclaration d’indépendance *. Mais c’était un acte de désespoir, et bien peu parmi les députés partageaient les illusions de Kossuth sur l’avenir de la Hongrie. Pour la cour et le ministère, la situation était de nouveau des plus graves : la Hongrie reperdue, Vienne même menacée, si les Hongrois, comme on lè craignait, réussissaient à débloquer Komorn, où une garnison magyare tenait depuis le début de la campagne ; l’armée démoralisée par ses défaites, par l’incurie et les intrigues personnelles de ses chefs. Windischgrâtz, depuis longtemps en froid avec le ministère, et devenu impossible par ses échecs, fut rappelé le 12 avril. Malgré toutes les formes qu’on y mit, il sentit cruellement sa disgrâce et se posa en victime de la propagande révolutionnaire 2. Avant la fin d’avril, l’armée impériale avait repassé la frontière autrichienne, Pest était occupé, Komorn délivré, la Transylvanie dominée, les Serbes repousssés : sur tous les champs de bataille, les Hongrois triomphaient. S'ils avaient poursuivi vigoureurement leurs avantages, envahi le sol autrichien,/réveillé l’esprit révolutionnaire qui n’était pas éteint, mais seulement assoupi à Vienne et en Bohême, on ne peut prévoir ce qui fût advenu du gouvernement autrichien. Mais ils s’obstinèrent par point d’honneur à reprendre Buda, l’ancienne capitale royale1; la belle défense du général autrichien Hentzi, qui les retint trois semaines devant la forteresse, donna à l'Autriche le temps de se refaire une armée et de se procurer un allié. L’armée fut refaite par les officiers de Radetzky. Charles-Albert avait dénoncé, en mars, l’armistice qui durait depuis le mois de novembre. En cinq jours, le vieux maréchal écrasa son adversaire, le roi abdiqua, son fils Victor-Emmanuel signa un nouvel armistice. L’Italie était reconquise par l’Autriche ; Venise seule résistait encore. Radetzky pouvait céder pour la guerre de Hongrie, non pas ses soldats, qu’il jugeait indispensables en Italie, mais ses officiers. Plusieurs de ses généraux vinrent remplacer en Hongrie leurs camarades vaincus, et relever par le prestige de leurs victoires le moral des troupes. Le commandement en chef fut donné à Haynau, type de soudard, avec des talents militaires, mais une cruauté terrible, un orgueil et un entêtement qui le rendaient parfois irresponsable de ses actes. En mettant à la tête 1. Marczali, A legûj. kor tort., 717. 2. Beer, Kübeck u. Jtettemich, 39. Marczali, A legnj. kor tort.. 718. 3. Marczali, A tegùj. kur tort., 713.