LA RÉACTION (1849-1859) avis favorables », la majorité croit prudent d'ajourner la publication *. 11 est désormais complet, « l’Etat de l’absolutisme, de la dictature militaire et du Concordat,3 » le régime « bureaucratique absolutiste »’ dont les traces pèsent encore si lourdement sur toute la vie publique de la monarchie. Le stupéfiant, c’est que l’idée seule d’une pareille entreprise ait pu naître et durer dans des esprits qui n’étaient pas vulgaires. Bach lui-même, comme organisateur et comme administrateur, avait des talents, encore que son esprit s’attachât trop à l’uniformité extérieure, et qu’il fût souvent dupe des mots et des formes. Autour de lui, il avait su grouper des hommes qui, par l’intelligence et les aptitudes, étaient parmi les meilleurs en Autriche. Le Parlement de Vienne et de Kremsier lui avait fourni Lasser, qu'il chargea de tous les travaux d’organisation intérieure, et qui, à cette école, se prépara à devenir, dans l’ère constitutionnelle, le premier des administrateurs autrichiens ; et, avec Lasser, Gaétan Mayer, qui ne se montra pas moins apte à appliquer l’importante mesure de la libération du sol qu’il n’avait été à Kremsier à concilier les projets de Constitution. Son chef de cabinet, Oettl, avait été à l'école de Stadion, ce qui était une garantie. Aussi, dans tout ce qui est pure administration, l’œuvre de Bach a-t-elle été louable et fructueuse. L’énorme et difficile travail de l’émancipation fut mené à bonne fin, non sans erreurs sans doute et sans injustices, non sans causer des ruines et procurer des profits immérités, mais dans l’ensemble avec une sûreté, une exactitude et une rapidité étonnantes4. La prospérité matérielle, à la faveur d’une administration et d’une justice mieux organisées, de travaux publics plus largement entrepris et mieux exécutés, s’accrut considérablement ; et la Hongrie, par la suppression de la barrière douanière qui fermait à ses produits le marché autrichien et européen, ne fut pas la dernière à profiter de ces heureuses transformations1. Mais l'effet qu'auraient pu produire ces résultats fut et resta jusqu’au bout contrarié par la fausseté de l’idée politique dominante du système : les bienfaits matériels qu’en retirait l’Autriche furent compensés et au delà par le mal moral d’un régime qui, s’étant donné pour but de réaliser l’unité des peuples autrichiens au profit de l’Etat, ne réussit à obtenir que l’unité dans l’hostilité contre l’Etat. 1. Denis, o. c., II. 392. 2. Friedjung, Kampf, I. 31. 3. Drei Jahre Verfassungsxtreit, 120. 4. Friedjung dans Vierteljahrschriit fur Social-u. WirtscUa/lsgesch., I. 106-7, 113-4. a. Marczali, A legùj. kor tort., 855.