LE DIPLÔME D’OCTOBRE taires, qui fourniront la meilleure occasion de discuter ces questions dans leur ensemble. Dès le début de la session, les Hongrois nouèrent l’alliance qui devait leur assurer le succès : l’alliance avec la noblesse « historique » autrichienne, et surtout bohème. Très-habilement, ils mettaient ainsi au service de leur cause la force que représente — non point par son intelligence, ni par sa valeur politique, mais par son influence de cour — cette puissante aristocratie. Une union étroite s’établit entre Szécsen et le comte Henri Jaroslav Clam-Martinic. Par l’esprit et le caractère, par les dons naturels et les qualités acquises, Clam dépassait de beaucoup tous ses pairs, qui le tenaient, comme on l’a dit malicieusement *, pour la huitième merveille du monde. De très haute naissance, apparenté aux plus grandes familles de l’aristocratie féodale, beau-frère de Léo Tliun, cousin des Schwarzenberg, il touchait par ses relations aux marches du trône. Après avoir joué un rôle aux côtés de Stadion en octobre 1848, il avait fait carrière dans l’administration sous Bach. Le Concordat seul peut expliquer ce rapprochement du parvenu jacobin et du champion des droits historiques ; encore ne l’expli-que-t-il qu’en partie, et y a-t-il dans le brusque revirement de Clam, devenu le plus ardent adversaire de la bureaucratie niveleuse dont il était quelques années auparavant l’un des chefs, quelque chose de mystérieux. Comme ses pairs de la noblesse de Bohème, Clam est, par-dessus tout, un ardent catholique ; il accepte de l’Eglise non-seulement sa foi, mais sa doctrine politique, son idéal d’un Etat et d’une société « organiques», hiérarchisés, différenciés, pyramides de corporations autonomes; mais, malgré ces conceptions du moyen-àge, il n’est point un réactionnaire aveugle et brutal. Avec le sentiment religieux, l'orgueil aristocratique et le patriotisme provincial, qui d’ailleurs ne fait pas de tort au patriotisme autrichien, sont les ressorts les plus puissants de son âme. Il est aristocrate à fond. On lui attribue la paternité d’une brochure parue à Prague en septembre i85g *, et qui défend, jusque dans leurs plus grandes exagérations, les théories aristocratiques : il faut que la noblesse soit constituée de nouveau en une corporation dansl’Etat, qu’elle ait des honneurs et des privilèges spéciaux, une représentation à elle; l’auteur ne peut rien dire des autres classes, « dont l’action et les besoins lui sont trop étrangers ». Ces doctrines furent reprises et développées, sous l’influence très visible 1. Eim, l’otit. ùvahy, 176. i. SusUne el abstine. Cf. Friedwann, Zehii Jakre, 157 sqq.