54 l’ancien régime conseiller aulique, c’est-à-dire un bon chef de bureau ; de fait, il faisait consister tonte sa mission dans la surveillance policière de ses sujets. Plus il était inférieur à son rôle, plus il se montrait jaloux de rester le maître : Metternich, sous lui, gouverna l’Europe, mais il ne gouverna jamais l’Autriche. Les agitations de la période révolutionnaire avait accru encore l’horreur instinctive de François pour tout mouvement et tout progrès. Il n'avait plus qu’une idée dominante : ne rien changer, ne toucher à rien. Absolutiste convaincu et rigoureux, il aurait pu, sans danger, presque sans effort, au plein de la réaction européenne, à l’apogée de la Sainte-Alliance, supprimer la Constitution hongroise ; mais il aurait fallu penser et agir, et, pour n’avoir point à le faire, il laissa passer l’occasion ; il était capable de violer la Constitution à chaque instant, incapable de l’abolir '. Il avait une bonne mémoire, qui lui permettait de paraître suivre avec intérêt la carrière de tous ses serviteurs ; il donnait régulièrement des audiences générales, où tout sujet pouvait lui soumettre ses pétitions et ses plaintes, et il mettait volontiers la police au service de l'autorité des parents et de la paix des familles s. Il croyait sincèrement, par ces moyens, avoir fait son métier de souverain ; il leur devait un air de monarque patriarcal ; à Vienne, au moins parmi les fonctionnaires, il était vraiment populaire, et sa mort parut un grand événement historique ’. L’éclat et l’influence auxquels sous son règne, mais non par son mérite, l’Autriche était parvenue en Europe, s'effacèrent bientôt ; mais le mal qu’il lui avait fait dura. De lui date le divorce entre l’Etat et le peuple, l'hostilité des sujets, exclus de toute participation à la gestion de leurs intérêts les plus directs, contre l’Etat ; car ils identifient l’État avec les castes dominantes, bureaucratique ou aristocratique, qui prétendent diriger seules les affaires publiques, et toujours les mènent à une catastrophe. Cette hostilité est l’une des sources du pessimisme, qui souvent dans des moments décisifs a paralysé la force d’action de la monarchie, l’a empêchée de faire un appel suprême au dévouement de ses sujets. C’est une véritable démoralisation publique, dont François II est en grande partie l’auteur, par son système d’administration, et par les deux banqueroutes que l’Etat a faites sous son règne. — Il a institué en Autriche le despotisme administratif, non pas comme un moyen d’action, mais comme une fin. Joseph, avant 1. Marczali, A legiij. kor. türt., 293, 298. 2. Wolfsgruber, Rauscher, 19. 3. Arneth. A us meinem Leben, I, 291-2.