LA RÉVOLUTION (1848-1849) ”9 le Parlement. Palackÿ proposa la petite ville de Ivremsier, en Moravie, qui par son isolement et son calme, contrastait heureusement avec Vienne. Le Parlement y fut convoqué pour le i5 novembre. Cependant Windischgratz préparait avec lenteur et méthode le siège de Vienne. Comme en juin à Prague, il ne lui suffisait pas de reprendre la ville, mais il voulait l’humilier, écraser à jamais l’hydre révolutionnaire, faire apparaître l’armée comme le restaurateur de l’ordre moral et soeiaj.. Aux députés qui cherchèrent par des pourparlers à éviter l’effusion de sang, il opposa une formule qui lui était chère : « Je ne négocie pas avec des rebelles. » Le gouvernement allemand, à la demande de l’assemblée de Francfort, envoya deux commissaires pour examiner l’opportunité d’une médiation de l’Empire entre le gouvernement et le peuple autrichien ; ils furent, par Windischgratz comme à Olmiïtz, reçus poliment, et poliment éconduits : l’Autriche ne voulait pas qu’on se mêlât de ses affaires. Ainsi la lutte se trouva circonscrite entre l’armée impériale et la capitale révoltée. Etait-elle même révoltée ? Une grande partie de la population ne demandait qu’à se soumettre ; la résistance n’était guère entretenue que par les étudiants et le prolétariat ; sans la lenteur calculée de Windischgratz, il n'y eût peut-être pas eu de sang versé. Les Hongrois hésitèrent longtemps, par scrupule légal, à franchir la frontière de leur pays, de sorte qu’ils se portèrent trop tard au secours de Vienne : ils furent arrêtées par Jelaôic, qui avait rejoint Windischgratz. Vienne, occupée par les troupes impériales le 3i octobre, fut mise en état de siège, et les représailles commencèrent. Elles frappèrent surtout les soldats impériaux déserteurs et les journalistes radicaux. L’exemple le plus démonstratif fut fait sur Robert lïluni, le député démocrate allemand, que la gauche du Parlement de Francfort avait, avec trois collègues, envoyé porter à Vienne ses encouragements. Il se croyait inviolable, puisque le Parlement avait conféré l’immunité à ses membres. Windischgratz voulait se borner à l’expulser, pour ne pas susciter de difficultés diplomatiques au futur ministère de Schwarzenberg ; mais Schwarzenberg lui-même conseilla de ne tenir aucun compte de cette prétendue immunité, de la considérer comme sans valeur pour l’Autriche \ et Blum, condamné à mort par un conseil de guerre, fut fusillé. Ce défi à l’Allemagne révolutionnaire inaugurait la nouvelle politique de l’Autriche. 1. Arneth, Schmerling, 227-8. Hübner, Ein Jahr meines Lebens, 288.