LE DIPLÔME D'OCTOBRE 2l3 bourg et à Prague ; règlement de la question des langues comme avant 1848 ; abolition des lois résultant du Concordat, qui ont provoqué la haine entre les nationalités. La partie la plus originale du mémoire est celle qui a trait à l’institution d'une représentation commune des pays de la monarchie. Ce sera le Reichsrath, pour lequel, dès sa création en i85i, on a songé à ce rôle. Il comprendra, outre un président et vingt membres nommés par l’empereur, cent vingt membres élus par les Diètes, répartis entre les provinces suivant leur population, leur contribution aux charges de l’Empire, et tous les autres éléments dont il paraîtra utile de tenir compte. Les séances seront publiques ; les ministres n'y auront ni siège ni voix, mais le gouvernement pourra s’y faire représenter par des commissaires ; le Reichsrath aura le droit d’initiative dans les affaires qui seront de sa compétence. Celle-ci s’étendra aux lois organiques d’Empire, aux matières douanières et financières, au recrutement de l’armée ; rien ne pourra plus se faire dans ces questions sans son avis 1. Rechberg n’était pas l'homme de si grandes réformes. Il loua Dessewffy de son mémoire, le pria de le communiquer à Hiibner, l’ancien ambassadeur à Paris, ministre désigné, le discuta avec Hiibner et lui. Au fond, malgré ses éloges, il tenait Dessewffy pour un homme de théorie et un « rêveur » \ Avec quelques changements, surtout de personnes, il comptait venir à bout des difficultés de la situation — ce qui prouve qu’il ne les comprenait pas. Dès avant Solférino, il avait offert la place de Bach à Jôsika. Celui-ci refusa : pour un homme de 1847, c’eût été en effet une fin singulière que de devenir ministre de l’intérieur de l’Autriche centralisée. Rechberg se rabattit, après quelques semaines de recherches, sur le comte Agénor Goluchowski, gouverneur de la Galicie. C’était un aristocrate polonais, mais aussi un fonctionnaire autrichien, très dynastique et, à ce qu’il semble, partisan, d’un centralisme modéré. Il jugeait sévèrement les résultats de l'absolutisme 3, mais n’apportait pas de programme précis pour y remédier : ses ennemis prétendirent qu’il ne s’était même pas demandé pourquoi on l'appelait au ministère4. Il se borna d’abord, tout en adoptant quelques mesures libérales d’importance secondaire, à remanier la géographie administrative de Bach. A côté 1. Konyi. Dedk, II, 201-12, 213-23. 2. Schtccinner : Kônyi, Detik, II, 232. 3. Friedjung, Benedek, 260 (lettre de Goluchowski à Benedek). 4. Drei Jahre Ver[assungsstreit, 35.