LE DIPLÔME D’OCTOBRE sa Constitution menacée, et l’Autriche cisleithane, qui vit dans cet abandon des lois libérales et modernes la preuve de l’esprit réactionnaire du nouveau régime. En juillet 1861, au moment où l’échec de toute tentative de conciliation était acquis, et où il devenait évident que la Hongrie marchait à un nouveau conflit avec l’Autriche, Émile Dessewffy écrivit à Vay une lettre qui formule, sur toute la politique d’octobre, les vues les plus intéressantes et les plus justes Opposant aux conseils des ministres « allemands », Rechberg, Goluchowski, et ensuite Schmerling, les conseils des hommes d’État hongrois, il montrait quelles fautes ceux-ci avaient voulu éviter, et ceux-là avaient fait commettre. « De même que chez Aurèle 2, une seule idée a chez moi dominé tout ce que, depuis trente ans, j’ai pensé, dit ou écrit sur les affaires de mon pays : l’idée de l’absolue nécessité de faire disparaître, par une conciliation pacifique, les contrastes qui existent dans l’état politique entre l’Autriche et la Hongrie. Personne sans doute n’a plus que moi réfléchi sur ces choses : mes écrits à ce sujet remplissent plus de cent quatre-vingt feuilles d’impression.... J’ai pu sûrement me tromper souvent; mais dans l’ensemble les faits ont toujours justifié mes vues... J’ai annoncé en octobre 1860, qu’il fallait, le 20 octobre, apporter un tout et non des demi-mesures, fixer aussitôt la date de convocation de la Diète hongroise, restaurer immédiatement l’intégrité de la couronne dans le Banat, ne pas la nier en Transylvanie, adopter le système des groupes, réformer et compléter l’idée du Reichsrath dans le sens constitutionnel, éclaircir la question financière, préciser et fixer l’idée de la communauté de traitement des affaires communes, réduire cette communauté à des limites adaptées à l’idée du 20 octobre, ne précipiter aucune mesure; j’ai dit ensuite, plus de cent fois, que les actes du 20 octobre, tels qu’ils se sont produits, opposeraient au rapprochement d’immenses difficultés. ... J’ai toujours été, malheureusement, jusqu’ici, la prophétique et inutile Cassandre. J’ai prédit à Bruck, en i856, dans ma brochure, que ses charlataneries n’amélioreraient pas l’état des finances, et, en avril 1860, j’ai annoncé à Goluchowski qu’il ne finirait pas beaucoup moins mal que ses prédécesseurs. Le diable les a depuis emportés tous les deux... N’est-ce pas des conseils allemands qui ont empêché d'achever et de compléter les actes du 20 octobre, dans la conception et dans l’exécution ? N’est-ce pas 1. Eut léklapok, 427-30. 2. Son frère.