LA RÉVOLUTION ET LA REACTION devant l’unité d’être les enfants de Dieu ». Rauscher lui-même a fait ressortir plus tard l’importance de cette manifestation et l’impression qu’elle devait faire au moment où elle se produisit. « Dans un moment où la ruine menaçait, c’était une Autriche toujours une qui se présentait dans cette assemblée. » La Hongrie y manquait sans doute ; mais Rauscher, du premier moment, ne concevait pas un Concordat qui ne s’appliquerait pas à elle. Le Concordat doit s’étendre à toute la monarchie : les rapports de droit que la Pragmatique Sanction a créés entre l’Autriche et la Hongrie se traduiron t ainsi dans les faits, et l'unité autrichienne trouvera dans cette unité de législation un nouvel appui '. Le gouvernement était tout disposé à accueillir avec empressement ces offres, et à payer le concours de l’Eglise au prix qu’elle-même y mettait. Elle lui prêterait l’appui de sa puissante hiérarchie ; l’unité que recevrait son organisation profiterait par contre-coup à toutes les créations unitaires du ministère. Des vues politiques plus hautes, peut-être trop hautes, se joignaient à ces calculs. Au sortir de la tourmente révolutionnaire, l’Église se dresse dans toute l’Europe comme la puissance éminemment conservatrice, l’alliée naturelle des gouvernements. Pour l’Autriche en particulier, la tradition catholique de ses souverains était toujours restée vivante à la cour : l’alliance avec l’Église avait fait la grandeur de la dynastie ; renouée et resserrée, elle rendrait à la maison d’Autriche l’hégémonie en Europe. Les regards de cette diplomatie ambitieuse et nuageuse s’arrêtaient avec une particulière complaisance sur l’Allemagne. Là, en effet, dans le duel que la Prusse et l’Autriche avaient engagé pour la possession du premier rang, les considérations religieuses jouaient un rôle important. Organiser un parti catholique, nécessairement et violemment antiprussien, devait être un des moyens d’action et un des buts de la politique autrichienne. — Scliwarzenberg, trop raide, trop militaire, trop autrichien, aurait peut-être trouvé que la Curie demandait plus qu’elle n’offrait : mais son successeur Buol n’était pas l'homme d’une résistance quelconque. Thun, idéaliste un peu vague, croyant et tolérant, était convaincu que le Concordat ne lésait les droits de personne, et servait au contraire la religion, — non pas seulement l'Eglise catholique, mais la religion en soi, la moralité publique, l'humanité, Bach était le diable fait ermite : par un dévouement, sans borne et sans réserve aux 1. Mémoire de Rauscher à Schwarzenberg. 27 janv. 1830, Wolfsgruber, Rauscher, 116-7. — Les diverses cilations du texte, ib., 105. 108. 109