LES AVENTURES D’ANDRONIC COMNÈNE 89 qu’une fille, et il était justement préoccupé d’assurer à la dynastie un héritier mâle et légitime de l’empire. Cette fois ce fut parmi les princesses de la Syrie franque qu’il chercha la future impératrice. Il songea d’abord à la comtesse Mélisendede Tripoli, et, sur le rapport des ambassadeurs chargés d’aller examiner la jeune femme, les fiançailles furent conclues. Déjà de grands préparatifs avaient été faits par le frère de Méliscnde pour envoyer sa sœur à Constantinople en un appareil digne d’une souveraine, lorsque, au moment de se mettre en route, une étrange et mystérieuse maladie de langueur atteignit la jeune fille. Sa beauté tant vantée s’altérait à vue d’œil : les mandataires impériaux se décidèrent donc à rompre les accords et à chercher ailleurs une épouse pour leur maître. Or, à ce moment, vivait à Antioche la fille de la princesse Constance, Marie : c’était la merveille de l'Orient latin. « Jamais, disait sur son passage le peuple de Byzance, jamais notre temps n’a vu beauté pareille. » « Elle était belle, écrit un chroniqueur grec contemporain, plus que belle, belle à ce point et d’une si remarquable beauté qu’auprès d’elle semblaient pure légende tous les récits qu’on nous fait d’Aphrodite au doux sourire, aux cheveux d’or, de Junon aux bras blancs, aux grands yeux, d’Hélène au col si souple, aux pieds si charmants, et de toutes les belles dames que l’antiquité a mises, pour leur beauté, au rang des dieux. » L’empereur se décida à briguer la main de cette perfection, et, à la fin de 1161, il l’épousait à Sainte-Sophie. Des fêtes somptueuses accompagnèrent le mariage impérial, festins au palais, distributions d’argent au peuple dans les carrefours de la capitale, magnifiques cadeaux aux églises,