18 FIGURES BYZANTINES chent alors le plus souvent les femmes qu’ils associent à leur majesté. Manuel Comnène épouse une Allemande, la comtesse Berthe de Sulzbach, belle-sœur du roi Conrad III, et après la mort de cette princesse, c’est encore chez les Latins qu’il trouvera sa seconde femme : après avoir songé à Mélisende de Tripoli, il choisit finalement Marie d’Antioche, la beauté la plus renommée de toute la Syrie franque. Le fils de Manuel, Alexis II, épouse une sœur de Philippe-Au-guste, Agnès de France. Plus tard, Jean Vatatzès épouse Constance de Hohenstaufen, Andronic II épouse Yolande de Montferrat, Andronic III épouse successivement Agnès de Brunswick, puis Anne de Savoie ; Jean VIII a pour première femme une princesse italienne. Et de môme, les souverains francs de Syrie ou d’Hellade épousent volontiers des princesses de la famille impériale, Comnènes ou Paléologues. A l’imitation de ces illustres exemples, les moindres seigneurs, les chevaliers, les bourgeois font de même, et dans tout l'Orient latin se fonde une race de métis, mi-grecs, mi-latins, qu’on appelle les Gasmules, et qui forment comme le trait d’union entre les deux civilisations. Faut-il parler des voyages qui amènent les Latins à Byzance, ou qui font sortir les basileis de leur capitale pour se rendre en Occident? A la fin du xiv° siècle, Jean V yisite l’Italie et la France, et son fils Manuel II, un peu plus tard, se rend à Venise, à Paris et à Londres; au xve siècle, Jean VIII séjourne à Venise et à Florence. Mais surtout, à ce contact incessant, la cour byzantine se transforma : ce sont d’autres mœurs, d’autres plaisirs, d’autres fêtes, un tour plus chevaleresque qui fait des Grecs les émules des