L’IMPÉRATRICE IRÈNE DOUKAS 65 ment de la monarchie et pour la paix de la chrétienté. Mais à ces motifs d’ordre spirituel s’ajoutaient des considérations plus humaines. Une des filles de l’impératrice, Eudocie, avait fait un mariage assez malheureux. Son mari, sans nul respect de la naissance impériale de la jeune femme, la traitait fort dédaigneusement; il ne se montrait guère moins insolent envers la basilissa sa belle-mère : si bien que, Eudocie ¿tant finalement tombée malade, il avait paru nécessaire de rompre cette union mal assortie. Le mari avait été mis à la porte du palais, la femme s’était faite religieuse. Or le nouveau monastère était précisément destiné à offrir à l’impériale recluse un asile digne de son rang. Enfin, dans cette Byzance si fertile en révolutions, personne, on le sait, ne pouvait jamais se dire sûr du lendemain. Des princesses de la famille d’Irène pouvaient se trouver quelque jour dans la nécessité de chercher au cloître un refuge contre les orages de la vie; Irène elle-même devait songer à ce que serait, si l’empereur mourait avant elle, son propre avenir. C’est pourquoi, tout à côté du monastère, elle avait fait bâtir, pour l’usage des femmes de la maison impériale, des constructions plus confortables et plus somptueuses. C’était ce qu’on nommait « la maison des maîtres », ou encore « le logis des princes ». Élevés en dehors de l’enceinte du couvent et indépendants du monastère, ces bâtiments pourtant étaient en communication facile avec le cloître et participaient à son caractère de sainteté. Ainsi, tandis qu’Alexis, dans le couvent du Christ, préparait un tombeau pour sa dépouille mortelle, Irène, près du monastère de la Vierge, ménageait un asile à ses vieux jours. figures nantîmes. 2e série. 5