118 FIGURES BYZANTINES la lourde pierre que voici t’enferme en une prison éternelle, et de ton profond sommeil, seule la trompette du Jugement dernier te réveillera. Et moi je vais me venger sur ta race et je ferai payer aux tiens tout le mal que tu m’as fait. » Les mauvais plaisants ne se trompaient guère. Les uns après les autres, tous les parents de Manuel allaient disparaître, victimes de la terrible ambition d’Andronic. En fait, maître de tout, déjà il administrait l’empire en véritable souverain ; ses adversaires politiques, surtout les chefs des grandes familles aristocratiques, étaient impitoyablement écartés ou frappés; dans toutes les places il installait ses créatures. Mais, pour qu’il devînt vraiment empereur, il lui fallait supprimer en outre les trois personnes qui le séparaient du trône, c’est-à-dire la veuve et les enfants de Manuel. La fille aînée disparut la première; elle mourut subitement, avec son mari le césar Renier, etnul ne douta qu’ils n’eussent été empoisonnés. Pour perdre l’impératrice régente, Andronie usa de plus de détours. Il la détestait, on le sait, de longue date; il se complut à raffiner sa vengeance. Il commença par se plaindre d’elle violemment, prétextant qu’elle lui faisait une sourde opposition, nuisible aux intérêts de l’Élat, et il déclara que, si on n’écartail pas des affaires cette femme dangereuse, c’est lui qui quitterait le pouvoir, dont il ne se souciait pas de partager les responsabilités. Par ces déclamations il souleva sans grande peine la populace, fort excitée déjà contre l’étrangère, et en de tumultueuses manifestations la multitude alla sommer le patriarche d’user de son autorité pour éloigner du palaisla souveraine. Le terrain était préparé : malgré la résistance de quelques