102 FIGURES BYZANTINES retomber aux mains de mon maître qui me fera durement payer ma fuite. » Il avait les fers aux pieds, il baragouinait un grec barbare : on le crut, d’autant plus que le patron de la barque, entrant dans la feinte, réclamait à grands cris le fugitif comme lui appartenant. Les soldats, trouvant la plaisanterie très drôle, restituèrent en riant le prétendu esclave à son prétendu maître. Cette fois Andronic était sauvé. A force de rames il gagna sa maison de Vlanga, située non loin du rivage ; ses parents l’y attendaient. En hâte on coupe ses fers, le fugitif reprend sa barque, longe les murailles, dépasse le château des Sept Tours; dans la campagne, il trouva des chevaux préparés; à toute bride il s’éloigne et arrive à Anchialos sur la mer Noire. Il eut la bonne fortune de rencontrer dans cette ville un gouverneur qu’il avait obligé jadis et qui ne se crut point tenu d’être ingrat envers un proscrit. Il lui donna de l’argent, des guides, afin qu’il pût, comme il le souhaitait, s’enfuir chez le prince russe Jaroslav qui régnait à Halitch, sur le Dniestr; et déjà Andronic touchait à la frontière, déjà il croyait avoir échappé aux gens qui le poursuivaient, quand il fut reconnu par quelques bergers vlaques et livré par eux aux hommes de l’empereur Tout autre qu’Andronic eût désespéré : seul, sans amis, sans complices, il trouva moyen de s’échapper encore. Il feignit d’être pris de coliques violentes, et sans cesse il demandait à ses gardes la permission de descendre de cheval, pour s’écarter un moment du chemin. Quand la nuit vint, il multiplia ces arrêts, et tandis que, patiemment, les soldats l’attendaient sur la route, lui, dans l’ombre du fourré où il s’abri-