266 FIGURES BYZANTINES Depuis plusieurs mois, il était visible que toute résistance devenait impossible. Le nouveau favori de la régente, l’italien Faccioîati, le comprit : le 3 février 1347, il ouvrait à Cantacuzène une des portes de la capitale. Anne pourtant s’ostinait à ne point se rendre à l’évidence; retranchée au palais des Bla-chernes, elle voulait lutter encore; par ses émissaires, elle s’efforçait de soulever la populace; elle demandait du secours aux Génois de Galata; aux propositions de Cantacuzène, qui l’invitait à se rendre de bonne grâce et lui offrait en échange une part du gouvernement et tous les honneurs dus à son rang, elle ne répondait que par de grossières injures et des accès de furieuse colère. Finalement pourtant, voyant une partie du palais forcée, l’assaut tout proche, elle consentit à négocier. Ayant tenu conseil avec ses derniers partisans, elle se résigna, sur l’avis unanime, à faire la paix. Mais elle n’entendait point reconnaître par là qu’elle pût avoir des fautes à se faire pardonner; « son âme orgueilleuse et dure, dit Grégoras, eût vu dans un tel aveu une humiliation indigne d’elle ». Hautainement elle réclamait des promesses solennelles, des engagements extraordinaires : elle prétendait régner seule, sans même accepter Cantacuzène comme collègue. C’était là folie pure : Anne dut s’estimer heureuse d’accepter les offres du vainqueur; elle restait impératrice, et on lui accordait môme le pas sur le nouveau basileus. A force de courtoisie et de bonne grâce, Cantacuzène se flattait de désarmer son ennemie. Il lui laissa, pour elle et pour son fds, les grands appartements impériaux, et se contenta de la partie du palais, passablement ruinée, qui avoisinait le grand triclinium