PRINCESSES LATINES A LA COUR DÉS PALÉOLOGUES 269 en 1354. Avec l’appui des Latins, Jean Paléologue surprit Constantinople et obligea son beau-père à abdiquer. Étrangement résigné, le grand ambitieux qu’avait été Cantacuzène entra sans résistance dans un monastère, et sa femme, la vaillante et intelligente Irène, pouvait dire non sans ironie : « Si j’avais jadis gardé Didymotique (où elle s’était illustrée en 1342 par une admirable défense) comme vous avez gardé Constantinople, voilà douze ans déjà que nous ferions notre salut ». Cantacuzène, malgré ses qualités éminentes, Anne de Savoie, par toutes les fautes de son gouvernement, ont une lourde responsabilité dans la décadence et la ruine finale de l’empire byzantin. Par l’interminable guerre civile que déchaîna leur rivalité, par les appels surtout qu’ils adressèrent aux pires ennemis de l’empire, tous deux ont également et gravement failli ; et peut-être le grand domestique, capable de prévoir la portée de ses actes, est-il en cela plus coupable encore que la sotte et insouciante impératrice. Jamais, avant lui, on n’avait vu une princesse byzantine mariée à un musulman : jamais, avant lui, on n’avait vu les Turcs établis presque à demeure en Thrace, et les trésors des églises employés à satisfaire les exigences des infidèles. On vit tout cela, et davantage encore. Grégoras raconte qu’au palais impérial même les Turcs, traités en amis, se permettaient toutes les libertés; pendant les offices divins, il dansaient et chantaient, au grand scandale des chrétiens. C’est qu’aussi bien ils se sentaient les maîtres et comprenaient qu’à eux seuls la guerre civile avait profité. Ils voyaient juste. Cent ans plus tard, dans Constan-