LES AVENTUHGS D’ANDRONIC COMNÊNE 95 à d’autres, en particulier à son neveu Jean, qu’An-dronic détestait, les dignités dont lui-même eût été plus digne. De son côté, Manuel se préoccupait des qualités trop éclatantes de son parent, de ses ambitions secrètes, de son langage trop libre. Une histoire de femme, soigneusement exploitée par les ennemis d’Andronic, acheva de brouiller les deux cousins. C’était vers 1151. Andronic avait trente ans environ; il était marié, sa femme l’aimait fort, et il avait d’elle un fds, Manuel; ce qui ne l’empêchait point delre dans les meilleurs termes avec une de ses cousines, Eudocie Comnène. Cette Eudocie était la propre sœur de Théodora, qui à ce moment même était la maîtresse en titre de l’empereur. Comme la jeune femme était veuve, elle avait eu moins de scrupules encore qu’une autre à céder à son beau cousin, et elle s’affichait avec lui. La liaison faisait grand scandale à la cour, surtout à cause de la proche parenté des deux amants; la famille d’Eudocie, en particulier son frère et son beau-frère, en était profondément ulcérée. Mais, à toutes les observations qu’on lui adressait, Andronic répondait par des plaisanteries, et faisant, non sans insolence, allusion à l’intrigue que Manuel avait avec Théodora : « Il convient, disait-il en riant, que les sujets suivent l’exemple du maître, et les ouvrages qui sortent de la même fabrique (Eudocie et Théodora étaient sœurs) méritent de plaire également ». D’autres fois il expliquait à ceux qui le morigénaient que son cas, à le bien prendre, était beaucoup moins grave que celui de l’empereur : « Il est du dernier bien (Andronic disait cela plus brutalement) avec la fille de son frère; moi, ce n’est qu’avec la fdle de mon