2 FIGURÉS BYZANTINS si magnifique que, selon l’expression d’un contemporain, « ils semblaient tous des enfants de rois ». Sur ses places, encadrées de palais et de portiques, s’alignaient les chefs-d’œuvre de l’art classique. Dans les églises aux coupoles colossales, les mosaïques jetaient des éclairs d’or parmi la profusion des porphyres et des marbres. Dans les grands palais impériaux du Boucoléon et des Blachernes, si vastes qu’ils semblaient des cités dans la cité, la longue suite des appartements étalait un luxe inouï. Les voyageurs qui, au cours du xii” siècle, ont visité Constantinople, les pèlerins de la croisade qui ont pris la peine de noter, en leur naïf langage, les impressions qu’ils éprouvèrent, — Benjamin de Tu-dèle comme Édrisi, Villehardouin comme Robert de Glari, — ne peuvent, en décrivant cette ville incomparable, retenir leur admiration. Les trouvères d'Oc-cident, à qui était parvenue la renommée de ces splendeurs, parlent de Constantinople comme d’un pays de rêve, entrevu dans un miroitement d’or. D’autres écrivains énumèrent complaisamment les reliques précieuses qui remplissaient les églises de Byzance. Mais tous ont été également frappés d’une même chose, la prodigieuse, l’incommensurable richesse de cette ville qui, selon le mot de Villehardouin, « de toutes les autres était souveraine ». Ce n’est pas tout. Dans l’Europe du xie siècle, Constantinople était vraiment la reine des élégances. Tandis que les rudes chevaliers d’Occident n’avaient guère pour souci et pour divertissement que la chasse et la guerre, la vie byzantine était infiniment raffinée et luxueuse; la distinction des manières, la recherche des plaisirs délicats, le goût des lettres et