248 FIGURES BYZANTINES l’impératrice «no influence toute puissante. Celte Isabelle avait des fils ; eux aussi furent les grands favoris, non seulement de la basilissa, mais de l’empereur même, à qui l’un d’eux, Artaud, plaisait particulièrement par son brillant courage. D’autres Italiens encore affluèrent dans la ville impériale, toujours bien reçus et bien traités par lçs souverains. « Toujours, écrit non sans dépit Jean Cantacuzène, il y avait chez le jeune empereur quelques hommes de Savoie. » Us réussirent si bien, qu’à leur contact les mœurs mêmes se modifièrent. Aux plaisirs habituels de la cour s’ajoutèrent les divertissements chers aux Latins, en particulier les joules et les tournois, que ces étrangers mirent à la mode; et ces exercices plurent tant, que les plus nobles des Grecs voulurent s’y essayer cl que l’empereur spécialement y acquit une adresse comparable à celle des meilleurs chevaliers de France, de Bourgogne et d’Allemagne. Le nationalisme byzantin était naturellement fort choqué de ces nouveautés, et plus encore de la place faite à ces gens du dehors, quand, disait-on, on pouvait dans le pays môme trouver si aisément tant de personnes capables de remplir utilement les fonctions publiques. La question religieuse créait d’autres préventions contre Anne. En montant sur le trône, l’impératrice s’était convertie à la foi orthodoxe; mais on suspectait fort la sincérité de cette conversion. On attribuait à la princesse des sentiments de persistant attachement pour le dogme romain, de grand respect pour la personne du pape; on la jugeait capable de revenir un jour à Rome et de préparer sournoisement la soumission de l’Eglise grecque à la papauté. Enfin elle entretenait de bonnes relations avec les Génois état