CONSTANCE DE HOHENSTAUFEN 217 plusieurs lettres fort curieuses, écrites en grec, que l’empereur adressait à cette date « à son très cher gendre ». Il y exprime à Vatatzès « son entière sympathie et sa sincère affection »; il lui annonce les victoires que ses armées ont remportées en Italie, « car nous savons, dit-il, que Votre Majesté se réjouit avec nous de toutes nos prospérités et de tous nos projrès »; plein de confiance en lui-même et en l’avenir, il ajoute : « Nous vous mandons que soutenus et guidés par la divine providence, nous nous portons bien, que nous sommes en bonne situation, que nous battons nos ennemis chaque jour, et qu’en ce qui nous touche, tout marche et se gouverne selon notre désir ». Il félicite ensuite l’empereur grec des succès qu’il a de son côté remportés sur les Latins, et surtout il le met en garde contre les intrigues de la politique pontificale. 11 faut voir avec quelle âpre violence Frédéric II s’élève « contre ces pasteurs d'Israël, qui ne sont point des pontifes de l’église du Christ », et contre leur chef le pape, « le père du mensonge », comme il le nomme. C’est qu’en effet Innocent IV venait d’envoyer une ambassade à Nicée, pour tâcher de rompre l’alliance entre les deux empereurs et de rétablir l’union des deux églises. Quoique Frédéric II se félicitât avec affectation « du fort et inébranlable amour » que Vatatzès conservait pour « son père », il n’était pas sans quelque inquiétude sur l’effet de ces démarches. Aussi avertissait-il soigneusement le souverain grec que ce n’était point « dans l’intérêt de la foi » que cette ambassade venait à lui, mais uniquement « pour semer la zizanie entre le père et le fils ». Et comme Vatatzès, un moment