56 FIGURES BYZANTINES exercer sur son mari une influence décisive : c’est un problème de psychologie historique qu’il n’est point sans intérêt peut-être d’essayer de résoudre. Et si l’on ajoute que l’existence d’Irène Doukas nous fournit par ailleurs l’occasion d’entrevoir ce qu’était la vie religieuse et monastique en ce lointain xue siècle byzantin, peut-être jugera-t-on qu’il vaut la peine de tenter de faire revivre la figure de cette femme, effacée en apparence et discrète, mais qui se révéla intrigante habile et ardente ambitieuse — en attendant le jour où elle devait chercher au cloître, comme sa fille Anne Comnène la cherchait dans les lettres, la consolation de ses ambitions déçues. I Au moment où, au mois d’avril de l’année 1081, Irène Doukas devenait impératrice de Byzance, elle n’avait pas quinze ans. Il ne semble point qu’elle fût jolie. Anne Comnène, qui professe pour sa mère une très vive admiration, n’a pu, malgré tout le désir quelle a de la peindre sous les couleurs les plus flatteuses, nous îa représenter comme une beauté accomplie. Elle était grande, bien faite ; elle portait dans tous ses mouvements une eurythmie incomparable; elle avait de beaux bras d’ivoire, qu’il ijelui déplaisait pas de montrer et des yeux charmants, d’une nuance vert de mer. Mais elle avait un peu trop de teint, et le rose de ses joues s’apercevait d’assez loin : « sa figure, qui brillait de l’éclat de la lune, n’était point, dit Anne Comnène, ronde comme celle des Assyriennes, ni allongée comme celle des femmes scylhes; elle